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Burkina : Les organisations de médias condamnent l’incendie du véhicule du journaliste Ladji Bama

Burkina : Les organisations de médias condamnent l’incendie du véhicule du journaliste Ladji Bama

Au petit matin du 07 janvier 2020, vers 3 h du matin, le journaliste Ladji Bama, rédacteur en chef du bimensuel Courrier Confidentiel a fait l’objet d’un attentat à son domicile. En effet des individus lugubres ont profité du calme du petit matin pour lancer une bouteille incendiaire contre la voiture du journaliste stationnée dans sa cour.

Un début d’incendie a alerté la famille qui s’est vite attelée à maitriser les flammes pour circonscrire le drame.

L’intérieur de la voiture a toutefois été brûlé comme le témoignent les images de la scène du crime. Une délégation des organisations professionnelles des journalistes s’est rendue sur les lieux pour apporter un réconfort au confrère, à sa famille et constater la scène du crime. La situation aurait pu être plus dramatique si la bouteille remplie de combustible avait explosé.

Ces faits contre un journaliste d’investigation qui rappellent une autre époque sont loin d’être un incident banal. Il faut le rappeler, le journaliste Ladji Bama a souvent eu maille à partir avec des acteurs politiques ou économiques du fait de ses investigations et de ses prises de positions tranchantes. Il a d’ailleurs déjà fait l’objet de cabales ces derniers temps sur les réseaux sociaux.

Les organisations professionnelles des médias, signataires de la présente déclaration :

• apportent leur soutien indéfectible au journaliste Ladji Bama, à sa famille ainsi qu’à toute sa rédaction suite à cet attentat ;
• condamnent avec fermeté cet acte criminel qui est une atteinte grave à la liberté d’expression et de la presse.

Les organisations professionnelles des médias mettent en garde les auteurs et leurs commanditaires ou complices contre toute tentative d’intimidation ou de remise en cause des libertés chèrement acquises par le peuple burkinabè dans le sacrifice et même dans le sang.

Elles interpellent le Gouvernement sur sa responsabilité dans la protection des citoyens en général et des journalistes en particulier pour garantir le libre exercice de leur métier.

Nous assistons, au Burkina depuis un certain temps, au retour de pratiques anti-démocratiques d’une autre époque à travers des exécutions extra-judiciaires, des intimidations, des menaces de mort…

Nous avons encore frais en mémoire les menaces de mort contre le Secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) en début janvier 2020, l‘enlèvement crapuleux de l’activiste Naïm Touré le 12 novembre 2019 vers 22H à son domicile. Ces pratiques sont indignes du Burkina post insurrectionnel !

A l’endroit des acteurs de la Justice, nous attendons une suite diligente à cette affaire et une investigation sérieuse qui rompt avec les pratiques dans des dossiers de ce genre généralement classés sans suite.

Nous prenons à témoin l’opinion nationale, les organisations nationales et internationales de défense des droits humains, de la liberté d’expression et de presse en particulier, sur les menaces graves qui pèsent sur les journalistes et leur profession au Burkina Faso.

Nous appelons les citoyens individuellement et collectivement à défendre sans faille la liberté d’expression et de la presse et à ne point se laisser divertir par les attaques déguisées de quelle que nature que ce soit contre les journalistes et les défenseurs des droits humains et de la liberté d’expression.

Les velléités de retour aux méthodes violentes doivent être combattues sans concession. Chaque Burkinabè doit faire sienne la maxime de Voltaire « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».

Nous invitons les Hommes de médias et les défenseurs de la liberté d’expression et de la presse à rester à l’écoute pour tout développement que commanderait l’évolution de la situation.

Non à la violence !
Non aux attaques contre les médias et les journalistes !

Vive la liberté d’expression et de la presse !

N’an laara, An saara !
Ouagadougou, le 7 janvier 2020

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