Mohamed Bazoum, les nigériens attendent beaucoup de lui aux présidentielles de 2021
De toute évidence, les débats sur la « candidature du PNDS aux présidentielles de 2021 », seront définitivement clos le 31 mars prochain, date à laquelle se tiendra un congrès fédéral extraordinaire pour « valider » celle de Mohamed Bazoum. D’ores et déjà, apprend-on ici et là, un « processus inclusif » autour de sa « désignation » est en cours dans toutes les sections du pays.
Après ce cheminement qui installera définitivement le candidat Bazoum dans le « starting block », le PNDS et son « poulain » amorceront ainsi un nouveau virage où, quasiment plus aucune erreur ne leur sera permise.
Une fiche technique impressionnante !
Pour en arriver là, le parti présidentiel a traversé bien d’épreuves qui ont failli provoquer sa dislocation. La dernière en date a été cette candidature précipitée de Hassoumi Massaoudou, ex ministre des finances et SG du parti et son limogeage tout aussi précipité du gouvernement le 1er février dernier. Des évènements d’une extrême magnitude qui ont ébranlé toute « la gurisphère » du pays. Nombreux sont les analystes qui l’ont noté : Dans d’autres formations politiques, ce violent séisme allait forcément déboucher sur leur implosion. Mais là, le PNDS a géré son affaire comme dans un sarcophage. « Le linge sale a été lavé en famille », dixit Hassoumi Massaoudou himself, au sortir d’un chassé-croisé entre les allées de la Présidence où il aurait « demandé pardon » et les visites de militants un peu trop compatissants.
Les observateurs de la scène politique nationale restent encore stupéfaits par l’extraordinaire résilience du PNDS et son incisive réactivité, notamment face aux chocs internes, y compris les plus brutaux. Décrits comme embourgeoisés, usés par le pouvoir et minés par des ambitions internes, personne n’imaginait les « camarades » capables d’une telle autodiscipline à ce point. En face, dans le camp des forces politiques rivales, cette « prouesse politique » sonne sans doute comme un mauvais présage, elles qui espéraient un dénouement dramatique de la crise au sein de « la galaxie rose ». Mieux sur ce registre, le candidat qui défendra les couleurs du parti présidentiel, est « sur le papier », l’un des plus redoutables adversaires qu’on puisse trouver sur le marché politique nigérien.
En effet, mis à part Hama Amadou, Birgi Rafini, Seyni Oumarou, Mahamane Ousmane ou encore Cheffou Amadou, aucun autre politicien nigérien encore en activité, n’a accumulé autant d’expériences d’homme d’état que Bazoum Mohamed. Sa « fiche technique » est très impressionnante : Assurément le plus brillant « intellectuel et homme politique » de sa génération, il est l’un des orateurs les plus lucides et les plus percutants du moment, tant au Niger que sur la scène continentale. Sur le plan professionnel, ses compétences et son leadership ont été avérés dans tous les départements dont il a eu la charge. Aussi, sa capacité à se projeter sur tous les terrains et sur tous les théâtres, font de lui l’un des dirigeants les plus « proactifs » et « collés » au vécu de ses compatriotes. Sans compter son accessibilité, sa gentillesse et sa générosité, assez mises en exergue par ses communicants.
Une « arabité » qui cause problème !?
Mais le chemin est encore long. Et rien n’est joué d’avance. Il faudra à l’homme, désormais à découvert, plus que de la carapace et des « gilets » pour supporter les multiples « flèches » qui lui seront lancées tout au long du parcours. Surtout, il lui faudra manœuvrer dans tous les sens pour fidéliser la MRN actuelle autour de sa candidature, principalement le MNSD de Seyni Oumarou et le MPR d’Albadé Abouba, le RSD de Cheffou Amadou, le CPR de Kassoum Moctar, « les lambeaux » de ce qui reste de l’ANDP et du CDS, sans minimiser les autres « petits partis » de la « galaxie ». En politique, tout comme en sport, on ne change pas une équipe qui gagne.
Même avec tout ce beau monde en ordre de bataille, il faudra davantage de gages pour convaincre des nigériens de plus en plus inquiets par « l’arabité » du candidat Bazoum. Ici ce n’est pas tant le fait d’appartenir à une « minorité » qui cause problème, mais le fait d’être issu d’une communauté décrite par ceux qui ont vécu à ses côtés comme « violente et raciste envers les noirs ». Aussi, dans l’imaginaire collectif nigérien, des membres de « sa » communauté sont taxés, à tors ou à raison, du stéréotype de trafiquants en tout genre dans le pays. La toute chaude et récente affaire « Sidi Mohamed Sidi » un arabe dont l’origine nigérienne est plus que douteuse, Conseiller spécial du PAN, arrêté en Guinée Bissau dans un gros trafic de drogue, vient conforter les nigériens dans leurs allégations.
Malgré tout, Bazoum Mohamed peut s’estimer heureux d’être du côté des « bons », s’il n’en est pas le porte flambeau. En effet, non seulement la plupart des trafiquants dénoncés ne sont pas des nigériens, mais mieux, nos compatriotes arabes n’ont asservi personne et ceux qu’on rencontre à Agadez, Diffa, Zinder, Tahoua, Maradi, Dosso, Niamey et Tillabéry sont des gentlemen parfaitement intégrés dans le tissu économique, social et politique de leur environnement, loin des clichés esclavagistes et contrebandiers en provenance du Mali, de Lybie, du Golfe ou du Liban. Bien plus, ici au Niger les arabes sont métissés avec les touaregs, les toubous, les Kanuris, les haoussas et les zarmas, avec un cas très illustratif dans le couple présidentiel du pays.
En clair, le candidat Mohamed Bazoum et ses communicants n’ont pas à fuir les débats sur son « arabité ». Des gens, voire des communautés portent des stigmates d’un traumatisme vécu en contact des arabes dans un passé proche ou lointain, la plupart du temps hors du territoire nigérien. Ne pas écouter ceux qui ont « une douleur » ou « une inquiétude » à exprimer, consistera à lester le candidat d’un « complexe » qui risque de contrebalancer son programme politique. Alors que, un candidat comme Bazoum Mohamed, issu d’une minorité certes, pourrait être « une vraie chance pour le Niger », de vaincre à jamais ses « peurs ethniques » et de faire du « mérite », le seul critère de promotion de ses élites.
Baba Alpha, Mahamane Tar Choukou, Dr Yacouba Halidou, Ali Lawson …
Les affaires Baba Alpha journaliste de Bonférey incarcéré puis expulsé du Niger, Mahamane Tar Choukou, un activiste toubou de N’Guigmi, incarcéré depuis plusieurs mois sans jugement à Kollo, celle du Dr Halidou Yacouba, enseignant à l’université de Niamey mis en prison pour un post sur facebook jugé « ethnique » et celle toute récente d’Ali Lawson un prof de Math à Tahoua, militant d’un parti jusque là inconnu, le PNPD Akal Kassa, pour des propos ouvertement « anti Bazoum » sur Wathsapp, sont cependant autant de points noirs visibles de loin sur son tableau pourtant très luisant. Bravo quand même pour lui, aux dernières nouvelles, deux « points noirs » en moins, avec les libérations simultanées d’Ali Lawson et du Dr Yacouba Halidou.
A présent qu’il est « candidat déclaré », il ne peut plus et il n’a plus le droit, de s’accommoder de telles peccadilles.