Emploi : Prise de service, affectation, salaire, pour les nouveaux intégrés l’attente est longue
La question du chômage est l’une des problématiques la plus difficile à résoudre au Tchad depuis des années. Premier employeur du pays, l’État a du mal à absorber, les milliers de jeunes qui sortent des écoles et universités nationales ou étrangères. En 2022, le Président de Transition Mahamat Idriss Déby dans le but de réduire le chômage a promu 5000 places à la fonction publique.
Quelques jours après la déclaration du chef de l’État, plusieurs jeunes sont intégrés avant que le processus ne soit interrompu et repris en août et décembre.
Faisant sortir plusieurs arrêtés par le Ministère de la Fonction Publique complétant ainsi la parole du président.
Sourire aux lèvres, ces actes ont contribué sans nul doute, pour des dizaines de centaines de jeunes, à mettre fin au long calvaire du chômage. Même si beaucoup ont été déçus et attendent à leur tour d’être employés quelque part.
Si la décision et le respect de la promesse du Chef de l’État ont été salués par la majorité de jeunes, les nouveaux recrus broient du noir sur le terrain. En effet, sur les milliers de nouveaux intégrés, à peine quelques centaines ont pris service auprès de leurs départements et d’autres n’ont pas perçu de salaire depuis plusieurs mois.
La plupart des heureux élus de juin 2022, ont en effet, pris effectivement service auprès de leurs départements et voir même affecté dans les différentes provinces. Mais ils peinent à régulariser leur situation salariale due souvent à des tracasseries administratives ou de prise en compte au niveau de la solde. Ceux qui ont vu leurs arrêtés d’intégration sortir en août ne vivent pas mieux que leurs anciens de juin.
Pire, ceux intégrés en décembre 2022, ne connaissent pas de meilleures conditions sur le terrain. Si les médecins, infirmiers et autres intégrés au ministère de la santé publique ont effectivement pris service et voir affectés, les autres départements ministériels tardent à faire pareil.
Education nationale, fonction publique, communication, affaires étrangères et autres départements ministériels n’ont pas encore signé les notes de prises de service et de présence effective qui normalement devraient se faire dans les jours suivants la sorties des actes.
Deux mois déjà écoulés depuis décembre, mais les nouveaux fonctionnaires font la navette entre les directions des ressources humaines de leurs ministères, les couloirs et leurs domiciles chaque matin afin d’obtenir une information allant dans le sens de la signature d’une note d’affection ou celle d’une prise de service.
L’agacement est visible sur les visages de nouvelles recrues, l’information commune qu’ils reçoivent de la part des responsables est que bientôt tout sera réglé. Pour ceux, ayant pris service déjà, le salaire passera le mois prochain disent-ils mais à la fin du mois retour au case départ. Une lenteur administrative ou une simple procédure habituelle ? La réponse à cette longue attente est introuvable dans les couloirs des ministères.
Pour certains habitués des directions financières et les experts, les réponses à ces questions sont catégoriques et franches, l’État n’a pas les moyens pour une telle masse salariale.
Le Président de Transition a fait une promesse à la jeunesse et les autorités ont exécuté sans prendre en compte la situation financière du pays.
Déjà, la masse salariale est très élevée et l’État est le premier employé, la transition engrange assez d’argent et les régies financières ne peuvent pas supporter sans une aide au budget des bailleurs.
Plusieurs dizaines des chantiers ont été lancés et d’autres en arrêt ont été relancés donc il faut payer pour finaliser tous ces travaux.
Pour ces experts et responsables dans un français simple, les recrutements ont été faits sans une profonde réflexion sur les besoins réels de l’Etat.
Les nouvelles recrues peuvent attendre aussi longtemps du moment où la loi impose à l’Etat de payer les arriérés de salaires quelques soient la durée. Mais le problème n’est pas seulement le salaire, la loi prévoit une nullité des actes dans un délai de trois (3) mois si les nouveaux fonctionnaires n’ont pas pris service auprès de leurs départements respectifs.
Un compte à rebours est déjà lancé pour ceux intégrés en décembre 2022.
Aussi, faut-il le rappeler, un contrôle physique et biométrique est mis en place et qui devrait commencer fin février pour tous les fonctionnaires surtout ceux recrutés à partir de 2016. Un contrôle qui se fait avec l’acte de recrutement, la note de prise de service et celle de la présence effective du fonctionnaire. Une autre vitesse contre la montre s’est déclenchée pour les nouvelles recrues.
Dans les ministères, beaucoup de nouveaux recrues disent ne pas recevoir des réponses claires et nettes de la part des personnes en charge.
Le contrôle est décentralisé dans les provinces et avec le retard des affectations, il se peut qu’ils ratent le contrôle et qu’ils seront obligés de revenir à N’Djaména après pour refaire. Une tracasserie de plus craignent-ils.
En analysant de près, ce problème n’est pas nouveau dans l’administration publique tchadienne, depuis des années, les fonctionnaires se plaignent de la lenteur administrative.
Si le recrutement est déjà un enfer pour beaucoup, la titularisation, les avancements et les reclassements sont sont encore pire. Il faut un parcours de combattant et quelques bakchich pour en arriver au bout sans compter sur les pertes de dossiers qui peuvent arriver en cours de route.
Arriveront-ils à se défaire de tous ces obstacles ? Le temps nous donnera réponse certes mais en attendant, le calvaire continue pour une simple procédure administrative qui, dans un pays normal, ne prendrait que quelques minutes. À l’heure actuelle, les jeunes recrues ne cherchent que le «sésame» qui est la prise de service.
Tahamouko / TWM