Santé : Les « médicaments de la rue » encouragent-ils l’automédication ?

Malgré l’interdiction formelle de leur vente, les « médicaments de la rue »sont présents dans les quotidiens des tchadiens. Chaque citoyen est libre de s’acheter ces produits pour ses soins préventifs ou curatifs, avec ou sans une quelconque prescription médicale.

A N’Djaména, comme dans plusieurs villes du pays, la présence des comprimés d’origine douteuse est notoire. Il s’agit de médicaments qui sont vendus hors des officines, dans les marchés, aux coins des rues, de porte en porte, etc., par des personnes qui ne disposent pas d’une reconnaissance officielle.

Grossistes ou détaillants, les vendeurs des produits pharmaceutiques de contrefacon offrent leurs services publiquement et à vil prix dans les marchés, les quartiers, les carrefours et même devant les structures sanitaires.

Foka Justin, la quarantaine révolu et père de 4 enfants devant l’hôpital de mère et enfant témoin en ces termes. « Ces médicaments sont accessible financièrement à nous. Peut importe leur nature, ces médicaments sont à notre portée. Et, souvent les médecins eux même, nous orientent vers ici pour nous en procurer ».

Cepedant, en 1948, les Nations Unies définissaient les droits fondamentaux de l’homme, parmi lesquels les droits aux soins de santé. C’est dès lors que la santé devenue un droit inaliénable et l’ un de ses maillons essentiels demeure le médicament.

Toutefois, le médicament n’est pas un produit banal, c’est à la fois une substance possédant des propriétés curatives et préventives à l’égard de la maladie; mais un potentiel poison quand les règles de fabrication,de stockage et de conservation le concernant ne sont pas respectées.

C’est le cas de ces médicaments vendus dans le marché illicite ou parallèle, communément appelés, « les médicaments de la rue ». La qualité de ces médicaments est douteuse et de surcroît ils sont vendus par des non professionnels dont certains sont analphabètes. « Ces produits présentent donc un risque évident pour la santé et favorisent l’apparition et la persistance de quelques habitudes nuisibles notamment l’automédication », renseigne Dr Taisso Vandar Thomas, médecin généraliste à l’Hôpital Centrale.

Dans la généralité, les consommateurs ne sont plus où moins satisfaits des médicaments de la rue et sont conscients des risques encourus dans l’achat de ces médicaments. Les avantages liés au prix, à la disponibilité et à la proximité de ces médicaments semblent être des déterminants majeurs. C’est pourquoi, face à de sérieuses crises sanitaires, les populations sont souvent amenées à opter pour la vente de ces médicaments considérée aussi comme palliatifs aux problème de la pauvreté.

Sachant que les médicaments de la rue tuent, le Ministère en charge de la santé publique, a mené plusieurs actions tendant à éradiquer ce phénomène. On peut citer entre autres l’interdiction de la vente de ces produits et la création d’une police sanitaire qui avait même procédé à plusieurs reprises à la saisie de ces médicaments et à la fermeture de leur cadre informel.

Force est de constater que, ces pratiques ont repris de plus belle dans la capitale et les autres provinces. Et beaucoup des citoyens lamda s’en procure.

Djasrabé Nangbé