Tandjilé : Hausse des prix des denrées ; des habitants craignent la famine (Reportage)
Au sortir d’une saison agricole « médiocre » et même blanche pour la plupart des paysans, une nouvelle saison de pluie qui s’annonce « boiteuse » laisse une vie dure sans pareille dans la capitale de l’or blanc, Laï, et ses alentours.
Le mode de vie courant devient insupportable ce dernier trimestre. Bientôt juillet mais la saison reste toujours à moitié sèche. On s’interroge si le vent de l’harmattan n’a pas encore atteint son front intertropical.
Du matin au soir, le vent continue de souffler. Le sol reste dénudé, rasé et perd de plus en plus ses matériaux indispensables pour faciliter la vie des êtres vivants.
Dans la sous-préfecture de Laï rural, Déréssia, Guidari et bien d’autres, environ 5 % des paysans ont réussi à labourer pour cette saison en cours. D’ores et déjà, certaines cultures telles que le sésame, le coton, et les arachides connaissent un retard. La vie devient de plus en plus pénible.
Les paysans s’interrogent, les cris d’alarme montent… et les paniers de la ménagère peinent à se remplir. Cette vitesse vertigineuse de la situation actuelle ne replongera-t-elle pas les communautés dans les désastres de l’année 84 ? Les troupeaux croupissent, les carcasses sont citées au jour le jour, les plantes fruitières (manguiers, goyaviers, etc.) meurent systématiquement.
Dans certains villages, les puits à eau tarissent, obligeant certaines femmes à parcourir des kilomètres pour chercher de l’eau. Sur les marchés, toutes les denrées alimentaires ont connu une augmentation de prix.
Ainsi, le kilo de riz, de haricots, de sorgho rouge, et même les légumes secs (oseille, gombo, etc.) qui se vendaient autrefois respectivement à 100F, 150F, 400F s’achètent actuellement à 600F pour les légumes et 850F le kilo pour les mils. Parfois, certains de ces produits sont même introuvables sur les marchés.
Si cette situation ne s’améliore pas, le risque de famine est élevé dans cette localité. Des mesures doivent être prises immédiatement pour éviter le pire.
Alain NODJIMADJINGAR