Inondations : « La contamination des eaux, le gouvernement fait son mea culpa » – Ahmat Adoum Moussa
Depuis le début des inondations au Tchad, le gouvernement n’a cessé de mobiliser ses partenaires pour apporter une assistance aux sinistrés. Ces inondations ont causé d’énormes dégâts humains et matériels. Des milliers de personnes ont été forcées de quitter leurs domiciles, ce qui souligne que l’assistance, sous toutes ses formes, demeure une préoccupation majeure.
L’installation des sinistrés et leur prise en charge, notamment sur le plan alimentaire, ont constitué le point central des différentes communications gouvernementales.
Cependant, l’aspect sanitaire, qui aurait dû dès le départ être une priorité, n’a malheureusement pas retenu l’attention des autorités. La déclaration récente du Ministre de l’Eau et de l’Énergie, Passalé Kanabé Marcelin, ne serait-elle pas un mea culpa du gouvernement ?
Selon le ministre, les analyses bactériologiques ont révélé un niveau avancé de contamination de l’eau dans les cinq arrondissements les plus touchés par les inondations à N’Djaména. « Sur 30 échantillons prélevés, 96,67 % étaient contaminés. »
Le ministre a également invité la population à utiliser du chlore pour traiter l’eau. Mais combien de Tchadiens connaissent réellement le chlore et son utilisation ? Même si certains en ont connaissance, il est fort probable qu’ils ne représentent pas plus de 10 % de la population.
Ces chiffres alarmants expliquent le taux élevé de certaines maladies hydriques. Huit Tchadiens sur dix souffrent de la typhoïde. À cela s’ajoutent d’autres maladies graves liées à la mauvaise qualité de l’eau.
Cette situation devrait alerter le gouvernement. Le Tchad est en effet l’un des rares pays à ne pas disposer d’un réseau de gestion des eaux usées. L’absence de cette infrastructure encourage les citoyens à justifier leurs actes d’incivisme, en déversant les eaux usées dans la nature sans aucun traitement.
Le problème ne s’arrête pas là : la gestion des eaux usées provenant des hôpitaux, des hôtels et des usines constitue une réelle préoccupation, puisqu’il n’existe aucun mécanisme de contrôle ni de suivi.
Face à cette situation, « l’Éternel est mon berger » reste le seul refuge des Tchadiens. Si l’État a réellement la volonté de trouver des solutions pour réduire les risques de contamination, il serait bien avisé de revoir les accréditations octroyées à certains cabinets installant des forages, et de contrôler la qualité des eaux provenant de ces forages, qui ne respectent souvent aucune norme d’installation.
C’est à ce prix seulement que des vies pourront être sauvées, car l’eau, c’est la vie et l’on ne doit en aucun cas jouer avec.
Vivement.
Ahmat Adoum Moussa