Abazene Aboumkoullah sur la ‘’Diya’’ « Les cadres du Tchad sont les fossoyeurs de la république »
Jamais ils ne posent le vrai problème quand ils trouvent l’occasion de traiter les mots du pays en se trouvant toujours un artifice pour amuser les esprits.
La dia, revenons en arrière, quel mal pose-t-elle réellement ?
Mode de réparation civile, la dia est un mot arabe qui signifie seulement le dû versé à l’occasion d’un dommage par son auteur.
Juridiquement, elle signifie la réparation civile, ni plus ni moins, parfaitement exprimée par l’article 1382 du code civil en vigueur au Tchad.
Parlons entièrement français en laissant de côté les mots arabes, mal compris et mal expliqués, par quoi on truffe les idées pour les rendre inintelligibles.
Quel mal cause pour la victime, la réparation civile, un droit qui lui revient ou aux proches en cas de décès?
Comment le droit français que nous avons hérité du colonisateur règle-t-il cette situation ?
Il procède par deux voies concurrentes : l’action civile et l’action pénale, la seconde pouvant être mise en œuvre par la victime et par le ministère public lequel n’est pas lié par une éventuelle renonciation de la victime à toutes réclamations.
L’acceptation d’une réparation civile, quel qu’en soit le montant, ne peut pas suspendre l’action publique et ne peut pas l’éteindre.
Qui est ce qui a le devoir de l’engager ?
C’est justement le ministère public. Je dis le devoir et non pas seulement le droit. La victime n’a pas, à la différence du ministère public, une obligation de faire mais seulement un droit donc une liberté de faire.
Or, son droit il est libre d’y renoncer. C’est à ce niveau là qu’interviennent les accords inter tribaux pour éviter de faire de la réparation un problème au lieu d’être une solution. C’est dans cet esprit là que la constitution a décidé que les règles traditionnelles et coutumières s’appliquent dans les communautés qui les reconnaissent. Ce qui implique que celles qui ne les reconnaissent pas ne peuvent y être contraintes et ne peuvent pas non plus, au nom de l’unité nationale, prétendre à leur suppression. Or, c’est bien dans cet esprit que les alertes sont toujours lancées pour diaboliser l’institution qu’on nomme en arabe (dia) au lieu de lui donner sa signification française (réparation) pour la stigmatiser davantage faisant croire à une pratique sauvage de paiement du sang versé qui, dans certaines traditions, est seulement purifié. C’est dans ces traditions là qu’elle prend une allure religieuse (dîn) alors qu’elle est, dans le milieu musulman, une pratique juridique (charia) reconnu par le Coran, étant coutumière à l’origine comme le mariage. Tout ce qui est dans le Coran n’est pas forcément religieux et la religion ne fait du tort à personne. C’est un droit pour ceux qui la pratiquent que chacun est tenu de respecter sans l’imposer à personne.
Pourquoi refuser la solution consensuelle admise par la constitution ? Pourquoi joue-t-on à ne pas comprendre, chercher des solutions là où il n’ya pas de problème ?
C’est là que la solution devient impossible parce qu’elle est transformée elle-même en problème par des passions politiques où certains se trouvent des pretextes pour une campagne politique à l’aube des compétitions électorales, en la défendant ou en s’y opposant. C’est là que les fossoyeurs de la république trouvent leur occasion de faire leurs artifices dans le but de faire grincer les dents. Quand on dit qu’elle ne doit pas faire obstacle à l’action publique, ils montent sur leurs ergots pour clamer qu’on a supprimé la dia. A-t-on également supprimé l’article 1382 du code civil en application au Tchad ou les dispositions du Coran et de la Sunna? Remet-on en cause le consensus national posé par la constitution exprimant notre volonté de vivre ensemble dans le respect de nos diversités?
Abazene Aboumkoullah