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COVID19 :L’Archevêque métropolitain de N’Djaména alerte sur la gravité de la situation

L’Archevêque métropolitain de N’Djaména et président de la conférence épiscopale du Tchad (CET), Mgr Djitangar Goetbe Edmond, a fait une déclaration, le 08 mai 2020, relative à la lutte contre coronavirus. L’Eglise catholique du Tchad salue les mesures prises et encourage le gouvernement à aller plus loin, sachant qu’il détient le taux le plus élevé de décès (27 décès, soit 10, 67% au 08 mai 2020) de la zone CEMAC.

Considérant que les chiffres s’envolent en ce qui concerne la propagation du coronavirus, la Conférence épiscopale du Tchad (CET), par la voix de l’archevêque métropolitain de N’Djaména, Mgr Djitangar Goetbe Edmond a fait une déclaration depuis le siège de la CET à N’Djaména. Rappelant la menace de la pandémie sur le Tchad et la prompte réaction du gouvernement Tchadien à travers la mise sur pied d’une Cellule de veille et de la sécurité sanitaire, l’archevêque déclare que l’Eglise Catholique a pris acte des décisions du gouvernement en invitant ses fidèles, le 21 mars 2020, à s’impliquer dans le combat contre la pandémie. « Cela n’était pas sans douleur à cause surtout de la fermeture des lieux de culte dans le contexte du Carême qui venait de commence. Le Carême, comme tout le monde le sait, est le temps-fort par excellence de l’Eglise catholique qui débouche sur la grande fête de Pâques».

La sortie de Mgr Djitangar Goetbe Edmond ce 08 mai 2020 s’inscrit dans le cadre de la contribution de l’Eglise catholique dans la lutte contre le coronavirus. « Comme Église catholique, notre déclaration du 21 mars était déjà une première contribution pour prévenir l’extension de la pandémie avec les moyens qui étaient à notre portée. Nous avons demandé de faire connaître et d’observer les orientations officielles dans nos structures spécialisées que sont nos hôpitaux, nos centres de santé et les médias. C’est ainsi que des outils concrets ont commencé être développés pour faire barrage au Covid-19 : confection de masques et autres outils de protection, programmes de sensibilisation, démonstrations de méthodes de prévention etc… ».

Dans cette lutte contre coronavirus, l’archevêque de N’Djaména n’a pas manqué de souligner que les mesures gouvernementales comportaient de graves lacunes dans leur élaboration et beaucoup de difficultés sont relevées dans leur mise en œuvre. Pour Mgr Mgr Djitangar Goetbe Edmond, il est temps de privilégier la sensibilisation de tous les citoyens dans la lutte contre la pandémie à partir des moyens maîtrisables. Pour ce qui est du rôle de l’Etat, déclare l’archevêque, « il ne s’agit pas seulement de prendre des mesures, mais de permettre au maximum de citoyens de les mettre en œuvre en ayant accès aux produits de première nécessité comme l’eau et le savon, aux denrées alimentaires comme l’huile, le sel, le sucre, la farine, et aux moyens nécessaires que sont l’énergie électrique et le gaz domestique». L’Eglise Catholique propose au gouvernement de rendre accessible ces produits par des subventions ciblées. Pour Mgr Djitangar Goetbe Edmond, si des mesures exceptionnelles concrètes de contrôle de prix ne sont pas assurées, beaucoup de Tchadiens (en zone urbaine et en campagne) vivent au jour le jour et ne pourront pas survivre, faute d’accès à ces biens. « Nous saluons les mesures déjà prises et encourageons le gouvernement à aller plus loin ». Allant justement plus loin, le président de la CET demande aux Tchadiens d’envisager un immédiat après covid-19. « Nous voulons aussi attirer l’attention des plus hautes autorités de l’Etat et particulièrement celles qui sont en charge du développement rural et de l’élevage sur d’éventuelles menaces sur l’agriculture : les sauteriaux et les oiseaux granivores ». En bon connaisseur du monde rural, Mgr Djitangar Goetbe Edmond informe que chaque année, au début et à la fin de la saison des pluies, les ennemis des cultures font des ravages. Le chef de l’Eglise catholique qui est au Tchad n’a pas perdu de vue les conflits agriculteurs et éleveurs qui interviennent souvent en ces périodes et compromettent l’agriculture. « Nous encourageons vivement les autorités administratives et militaires à tout mettre en œuvre pour éviter ces sanglants conflits et c’est l’occasion de manifester concrètement la nécessaire complémentarité entre les agriculteurs et les éleveurs ». La Conférence épiscopale du Tchad propose au gouvernement de décréter une trêve sociale dans le milieu rural pour une période allant des semailles aux récoltes afin que la sécurité alimentaire des Tchadiens soit assurée après la pandémie du covid-19.

Tout en appréciant la mise en place de la Cellule de veille, coordonnée au plus haut sommet de l’Etat, la CET rappelle qu’à travers son discours du 14 avril dernier, le Chef de l’Etat a appelé toues les organisations à se mettre debout pour une assistance aux plus défavorisés. Cet « appel à un nouvel élan de solidarité pour garantir la cohésion sociale à laquelle notre conférence épiscopale a toujours été sensible» est entendu. Cependant, informe l’archevêque métropolitain de N’Djaména, l’Eglise en tant qu’experte en humanité sait qu’en de pareilles circonstances, le malheur des uns fait le bonheur des autres. C’est pourquoi, l’Eglise catholique attire l’attention de tous sur d’éventuels détournements des biens destinés aux plus vulnérables de la société par des associations et des monopoles qui vont se constituer. L’Eglise catholique souhaite une sincère collaboration entre l’Etat et le privé. « La situation créée par le coronavirus nécessite absolument la collaboration entre l’État et le privé. Et une collaboration efficace ne peut exister si chacun reste cantonné dans ses propres projets et refuse de mettre ses moyens à la disposition des collaborateurs ». Aussi, propose l’Eglise catholique qu’un recensement réel des personnes démunies soit fait dans les différents domaines et zones d’action, que les ressources privées et celles de l’État soient distribuées de manière rationnelle aux plus nécessiteux.

Mgr Djitangar Goetbe Edmond a terminé sa déclaration en félicitant féliciter le personnel de la santé pour le sacrifice consenti pour la santé des populations, en saluant l’engagement notable des médias dans cette lutte malgré les faibles ressources dont ils disposent, et en invitant les services de la sécurité publique à faire preuve de retenu, de patience, de discernement et d’humanisme dans l’exécution des consignes reçus.

Déli Sainzoumi Nestor

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