Tchad : Mesures restrictives de la HAMA en période électorale, RSF exprime ses inquiétudes
À quelques jours du début de la campagne présidentielle, la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) a pris une série de mesures restrictives, suscitant des inquiétudes quant à la liberté d’expression et à la diversité de l’information dans le pays.
La décision de la HAMA d’interdire la diffusion et la rediffusion de toute émission interactive pendant la campagne électorale a été fortement critiquée. Selon le président de la HAMA, Abderamane Barka, cette mesure vise à éviter les dérapages et à maintenir un équilibre de l’information pendant cette période cruciale. Cependant, cette restriction risque de limiter la participation des citoyens et de la société civile au débat public, comme l’a souligné le Patronat de la Presse Tchadienne, relayé par Radio France Internationale (RFI).
Le 19 mars, la HAMA a suspendu au moins 19 radios, 24 journaux imprimés et 7 journaux en ligne pour « arrêt de parution et non-respect du dépôt légal ». Cependant, selon les informations de Reporters Sans Frontières (RSF), deux de ces journaux, Al-Idath et Le Libérateur, ont respecté leurs obligations légales. Bien que la suspension d’Al-Idath ait été annulée une semaine après sa proclamation, Le Libérateur reste interdit de publication. Abderamane Barka a justifié cette décision en affirmant que Le Libérateur n’avait pas effectué de dépôt légal sur ses trois dernières parutions, ce qui a conduit à sa suspension. Cependant, le directeur de publication du journal, Jules Daniel Yo-hounkilam, a contesté cette assertion, affirmant que le dépôt légal avait été effectué en temps voulu.
Dans ce contexte, RSF souligne l’importance de protéger les journalistes et de garantir le droit à l’information, particulièrement crucial en période électorale. Le directeur de publication du Libérateur avait été menacé et contraint à la clandestinité après une enquête sur la gestion d’un établissement public, tandis qu’un journaliste de la radio communautaire de Mongo avait été tragiquement tué en mars dernier. Ces incidents soulignent la nécessité de prendre des mesures urgentes pour assurer la sécurité des journalistes et préserver la liberté de la presse au Tchad.