Guatemala: l’ Ancien directeur de prison, Alejandro Giammattei élu Président.
Ancien directeur de prison, Alejandro Giammattei, élu dimanche 11 août par des électeurs souvent désabusés, est réputé caractériel. Il a promis de combattre les criminels à coups de “testostérone” et de rétablir la peine de mort.
Le nouveau président du Guatemala qui prendra ses fonctions en janvier 2020, Alejandro Giammattei, a remporté l’élection contre toute attente, puisque lors du premier tour, sa rivale Sandra Torres était arrivée en tête du scrutin.
Le candidat de droite, qui en était à sa quatrième tentative, a rassemblé 58,7 % des suffrages, avec 95 % des bulletins dépouillés, selon le décompte communiqué par le Tribunal suprême électoral (TSE).
Son adversaire sociale-démocrate Sandra Torres a reconnu sa défaite. Mais le scrutin a été marqué par une forte abstention, avec une participation de 42 %. Au final, note El País, sur les huit millions de personnes inscrites sur les listes électorales, moins de deux millions ont voté pour Giammattei.
Sujet brûlant : les migrants.
Réputé pour ses colères homériques, atteint de poliomyélite depuis son enfance, l’ancien médecin et directeur de prison Giammattei a promis de combattre les criminels et les trafiquants de drogue à coups de “testostérone”, et de rétablir la peine de mort. Il s’est prononcé contre le mariage homosexuel et la légalisation de l’avortement. En matière économique, écrit le site BBC Mundo, il promet “un mur d’investissements à la frontière avec le Mexique”, pour freiner l’émigration.
Un sujet brûlant qui risque de le confronter très tôt à l’accord signé fin juillet entre Donald Trump et l’actuel président Jimmy Morales, et qui consacre le Guatemala comme “un pays tiers sûr” désigné pour retenir les migrants sur son territoire. Or, un pays tiers sûr signifie qu’il est considéré comme “sûr” du point de vue de la sécurité des personnes, ce qui est loin d’être le cas dans le pays. Alejandro Giammattei, pendant sa campagne, a critiqué cet accord et demandé qu’il soit confirmé par le congrès, poursuit BBC Mundo.
Des casseroles en prison
Le futur nouveau président, cet homme “aux propositions militaristes qui plaisent à une société conservatrice”, estime un politologue guatémaltèque interrogé par le site hispanophone, traîne derrière lui quelques casseroles. Alors qu’il était directeur de prison, en 2006, il avait mis fin à une mutinerie au cours de laquelle sept prisonniers avaient été tués. Accusé d’avoir orchestré une exécution, il a été condamné à la prison en 2010 avant qu’un juge ne ferme le dossier, libérant ainsi l’ancien directeur.
Rien ne change
Des voix s’élèvent dans la société guatémaltèque pour déplorer qu’avec Giammattei, qualifié de “radical de droite”, rien ne changera au Guatemala, ni l’entrelacs de compromissions ni les schémas de corruption aux plus hauts niveaux de responsabilités politiques et économiques. Ainsi un journaliste guatémaltèque résume-t-il, sur le site nicaraguayen Confidencial :
Ceci n’est qu’une victoire de plus en faveur du système du Guatemala, qui perdure depuis cent ans à quelques exceptions près.”
Ces exceptions concernent le travail depuis douze ans de la commission de l’ONU pour le pays, dénommée la CICIG, qui a combattu avec succès des réseaux de criminalité et de corruption au cœur du pouvoir. Mais le président Jimmy Morales a refusé de renouveler le mandat de cette commission, et Giammattei est favorable à cette décision.
Voici quelques semaines, le journal guatémaltèque Nómada résumait ainsi le profil du candidat désormais vainqueur :
Giammattei, c’est vingt ans de candidatures et une collection de criminels parmi ses proches. Des financiers, des personnages obscurs. Des contrebandiers, un général en retraite […] et même un type proche des narcotrafiquants.