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Inondations : N’Djaména fondée par les colons sans étude préalable (Analyse de M. Sougui)

Dès l’arrivée des conquérants français en 1900 sur les rives de l’actuel fleuve, il existait plusieurs villages Kotoko, situés de Gaoui jusqu’à Mara. Tous ces villages étaient nichés sur des plateaux élevés par rapport aux plaines environnantes qui étaient une grande cuvette.

Alors, pourquoi les villages étaient nichés ?

La réponse est que les plaines étaient géographiquement plus basses et parallèlement inondées la moitié de l’année. En plus de cela, il convient de noter que le niveau du fleuve était et est aussi plus élevé par rapport à cette cuvette.

C’est ainsi que furent créés Fort-Lamy et Fort-Fourreau (Kousseri) pour accueillir les tirailleurs sénégalais et l’Administration coloniale. L’implantation de ces forts était au départ temporaire. À vrai dire, personne n’avait prévu de créer une ville sur cette cuvette basse et inondée la moitié de l’année. Malheureusement, petit à petit, le contraire fut fait. De ce fait, l’Administration coloniale était obligée d’accepter cet état de fait : Fort-Lamy était devenu une ville. C’était la PREMIÈRE ERREUR : construire une ville sur une cuvette argileuse.

Aussi, après que l’idée de construire une ville sur ladite cuvette fut implicitement acceptée, l’Administration coloniale a voulu résorber sa première erreur en laissant plusieurs bassins naturels (les fameux BOUTA) pour la rétention du surplus des eaux pluvieuses (malheureusement, tous ces bassins furent remblayés pour usage d’habitation) et ensuite en ne lotissant que la partie Nord et Nord-ouest de la ville. C’est-à-dire, la ville ne devait normalement commencer qu’à partir de l’actuelle Mairie et s’étendre vers Farcha, voire Mara ou même Ndjamena-Fara. Il faut savoir que cette partie était moins argileuse et aussi un peu plus élevée par rapport aux actuels quartiers (allant de Moursal, en passant par Gassi et finissant vers les Diguel). Bref, si la ville était entièrement lotie dans cette partie, nous n’aurions pas les problèmes d’inondations d’aujourd’hui. C’était la DEUXIÈME ERREUR.

Pour finir, la TROISIÈME ERREUR, d’ailleurs la plus grosse, fut que les eaux étaient évacuées de la ville vers le fleuve, mais comme nous l’avons dit ci-dessus, le niveau du fleuve était et est plus élevé par rapport à la ville. Il va y avoir certainement des retours d’eau. Il fallait au contraire drainer les eaux vers la partie nord de la ville (Djermaya) qui est plus basse que cette dernière.

LA SEULE SOLUTION DURABLE QUI PUISSE EXISTER POUR REMÉDIER EFFICACEMENT À CES INONDATIONS SAISONNIÈRES EST LA MISE EN PLACE DES CANAUX D’ÉVACUATION D’EAU VIA LE NORD DE LA VILLE. NI PLUS NI MOINS.

Rien de nouveau sous le soleil de l’inondation. Ce post est publié depuis le 1er août 2022. Malheureusement, personne ne veut nous écouter. Inutile de vouloir aller à l’encontre de la mère nature.

Entretemps, espérons que la fameuse digue de 30 km de long va résister et retenir l’eau pendant la SELLE (la montée des eaux). On ne sait pas ! Ce qui est sûr, elle va emporter plus d’un.

Aussi, c’était de la pure coïncidence. Les colons n’avaient pas fondé la ville sur cette cuvette sciemment. La vraie raison de l’implantation de l’actuelle ville venait du fait que les colons, après la bataille de Kousseri du 22 avril 1900 qui les opposait aux forces de résistance de Rabah, avaient perdu un de leurs chefs, à savoir le commandant Lamy. Ainsi, ils prirent son corps pour venir l’enterrer sur ce qui est aujourd’hui la place verte en face de l’ancien palais du gouvernement (actuel commandement de la DGSSIE). C’était la partie la plus élevée de cette zone jadis marécageuse. Un endroit stratégique pour refouler toute attaque des indigènes.

Également, les colons français profitèrent de cet enterrement du commandant Lamy pour camper sur cet espace situé à l’embouchure des fleuves Logone et Chari pour attendre et accessoirement contrôler le champ de bataille situé à l’autre partie des fleuves susmentionnés.

Après avoir appris la mort de Rabah, ils décidèrent de construire un fort à cet endroit qu’ils surnommèrent « Fort-Lamy » en hommage à leur chef décédé.

Aussi, il faut rappeler que quelques décennies après l’implantation de ladite ville, beaucoup de colons préconisaient que la capitale soit délocalisée à Fort-Archambault (actuel Sarh), une zone humide et accessoirement agréable à vivre. Malheureusement, le ministère des colonies a décidé de confirmer Fort-Lamy comme capitale en 1932. C’était définitif.

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