L’Arabie Saoudite, surarmée mais impuissante à défendre son territoire
Riyad a beau être armée jusqu’aux dents, elle a visiblement du mal à prévenir des attaques sur son sol. C’est en tout cas l’analyse des titres de la presse arabe, critiques vis-à-vis des Saoudiens à la suite des frappes contre deux installations pétrolières. Et l’attitude désinvolte du prince héritier Mohammed ben Salmane n’aide nullement.
“Des dépenses militaires énormes, mais incapable de défendre son territoire”, titre le site qatari Arabi21. “Les attaques contre deux installations pétrolières samedi 14 septembre soulèvent des questions quant à la capacité des Saoudiens à se défendre. Mais aussi sur l’intérêt de leurs dépenses militaires”, souligne le journal qui rappelle que le pays “arrive en troisième position, dans le monde, après les États-Unis et la Chine, pour ses dépenses militaires”.
En effet, selon le rapport annuel de Sipri, un groupe de recherche suédois, ces dépenses ont été de 67,6 milliards de dollars en 2018. Or, quand on rapporte cette somme au produit intérieur brut (PIB), cela fait 8,8 %. Ce qui place l’Arabie Saoudite en première place, et de très loin, dans le monde.
Selon le journal qatari Al-Araby Al-Jadid, qui revient sur les attaques du 14 septembre, ces dernières n’ont pas seulement une portée “immédiate pour la sécurité des Saoudiens, mais aussi une portée symbolique” à plus long terme. “Non seulement ils ne sont pas en mesure de défendre leur propre pays, mais en plus le président américain Donald Trump a clairement dit qu’il fallait qu’ils paient désormais s’ils veulent que les États-Unis le fassent à leur place. Aussi, les Saoudiens sont coincés entre les frappes iraniennes et le chantage américain.”
“Donald Trump s’était vanté un jour d’avoir vendu des armes à hauteur de centaines de milliards de dollars aux Saoudiens. Aujourd’hui, il se présente de nouveau déguisé en représentant de commerce. Qui plus est, il fait entendre que les Américains n’ont pas besoin du pétrole saoudien et envoie son chef de la diplomatie Mike Pompeo à Riyad pour dire qu’il faut chercher une ‘solution pacifique’ avec Téhéran”, écrit pour sa part Al-Quds Al-Arabi, quotidien panarabe édité à Londres.
La propagande militaire moquée
Et le journal de revenir sur une vidéo de propagande qui date de 2017. “Elle montrait l’armée saoudienne comme invincible vis-à-vis des gardiens de la révolution iranienne. Le scénario, réalisé à la manière d’un jeu vidéo, montrait comment elle allait réagir en cas d’agression iranienne : par une invasion de l’Iran et l’occupation de Téhéran. Et à Téhéran, la population allait brandir des portraits de Mohammed ben Salmane, le commandant en chef de l’opération militaire rondement menée”, se moque le journal. Pour conclure :
À la lumière de l’humiliation subie par Riyad, beaucoup de gens, y compris parmi les Saoudiens eux-mêmes, doivent penser que leur pays est géré à peu près de la même manière qu’a été tournée la vidéo […] et que Mohammed ben Salmane pensait pouvoir traiter avec le monde comme s’il jouait à la console. Il faudrait que quelqu’un lui enlève son jeu. Le pays ne peut pas se permettre d’autres désinvoltures.”