Libye – Blocus pétrolier : déjà 2 milliards de pertes enregistrées
‘économie libyenne balafrée par le blocus prolongé de ses installations pétrolières. Mardi, la compagnie nationale pétrolière a indiqué que les pertes liées à la situation se chiffraient à plus de 2 milliards de dollars.
Les exportations de pétrole sont devenues depuis quelques semaines le point focal de la guerre que se livrent le gouvernement d’union nationale reconnu par l’ONU – basé à Tripoli – et les autorités de l’Est, en Libye. Il y a près d’un mois, les forces orientales menées par le maréchal Haftar ont saisi de grands terminaux d’exportation et obstrué les principaux pipelines du pays. Dessein avoué, priver les rivaux de Tripoli de leur manne financière.
Et les résultats ne se sont pas fait attendre. La production pétrolière quotidienne de la Libye est passée de 1,2 million de barils à 120 000 barils cette semaine, a indiqué mardi dans un communiqué sur son compte Facebook la National Oil Corporation, la compagnie nationale qui gère le pétrole en Libye. En termes financiers, cette chute de la production représente des pertes nettes de plus de 2 milliards de dollars.
Depuis avril 2019, les forces du maréchal Haftar ont initié une offensive contre la capitale Tripoli afin, disent-elles, de déloger les tribus extrémistes qui soutiennent le gouvernement d’union nationale. Une opération qui n’a depuis cessé de fragiliser le gouvernement du Premier ministre Fayez Al-Sarraj qui ne contrôle désormais qu’une partie infime de l’ouest du pays.
Lundi encore, lors de la dernière session du Conseil des droits de l’homme à Genève, la diplomatie libyenne a appelé la communauté internationale à intervenir afin de stopper la furie de l’armée de l’Est. « La communauté internationale doit exiger l’ouverture des ports et des champs (pétroliers) pour nourrir la population », a plaidé le ministre des Affaires étrangères Mohamed Taher Siala.
Visées économiques
Vu de Tripoli, cependant, l’indécision de certaines puissances occidentales, notamment les Etats-Unis pourtant été en première ligne lors de la révolution de 2011 qui a emporté le dirigeant Mouammar Kadhafi, peut s’expliquer par des visées économiques. Ces puissances ne voudraient pas par exemple qu’une forte production pétrolière de la Libye vienne faire baisser les cours de l’or noir sur le marché. « Si c’est la raison, ce n’est pas humain », a lancé le ministre Siala.
Si selon les experts le recul de la production pétrolière de Libye n’a pas encore réellement d’impact sur le marché, le marché américain lui, s’en lèche les doigts. En concurrence directe avec le brut léger de la Libye, le schiste américain est désormais priorisé par les principaux acheteurs comme l’Italie, l’Espagne et la Chine.
Considéré comme le pays possédant les plus grandes réserves de pétrole en Afrique, la Libye est devenu un terrain de conflit par procuration entre puissances étrangères. Dans la dernière résurgence du conflit, certains pays n’ont pas hésité à apporter leur soutien aux différents protagonistes. La Russie, les Émirats, l‘Égypte ou encore la France soutiennent du reste le maréchal Haftar, alors que la Turquie, le Qatar et l’Italie se tiennent au côté du gouvernement de Tripoli dirigé par Fayez Al-Sarraj.
Lundi, ce dernier a lui-aussi dénoncé à Genève l’inaction internationale face aux violences dans son pays perpétrées par le « criminel de guerre » le maréchal Khalifa Haftar