Littérature : Trois décennies de guerres et d’espoir ou l’histoire d’un héros africain au destin unique
Publié à la fin septembre 2021 aux éditions Ifrikiya, ce livre phare de l’histoire du Tchad de l’écrivain Tchadien Abdelkerim Souleyman Terio, un intellectuel à la multiple facettes de l’érudition.
Abdelkerim Souleyman Terio auteur des plusieurs d’ouvrages emblématiques et d’un nombre considérable d’articles scientifiques. Son œuvre de Trois décennies de guerres, contextualise les défis sécuritaires qu’a connus le Tchad au fil de 30 dernières années sous le règne du Maréchal du Tchad, feu Idriss Deby Itno.
Né le 30 décembre 1978 à Abéché, très tôt, Abdelkerim Souleyman Terio s’oriente vers un regard mirifique du savoir.
Incommensurable est son amour envers son pays et sa patrie, il consacre une pensée particulière profondément touchante stipulant préalablement en ces termes : « Je dédie ce livre aux forces de défense et de sécurité qui se sont battues et continuent de se battre pour la paix dans le monde et, pour leur maîtrise de la situation sécuritaire ».
Cet ouvrage est un témoignage d’un homme politique qui a servi son pays à un haut niveau, c’est aussi une fresque émouvante et quelque fois terrifiante sur laquelle se perçoivent nettement les couleurs, les formes, les thèmes et les termes incandescents d’une terre et d’un règne livrés, malgré eux, à des logiques politiques et institutionnelles d’une incroyable irrationalité.
Au fil de 215 pages, Abdelkerim Souleyman Terio, met en évidence ses ressources littéraires et langagières pour décrire l’histoire contemporaine inédite du Tchad et de l’Afrique.
Divisé en 3 parties, comptant généralement plus de 25 chapitres, l’ouvrage commence avec le début de l’étrange destin de Déby par son arrivée au pouvoir. S’en ont suivi les différentes rébellions, les formations politico-militaires et leurs actions respectives quelques fois à deux doigts à la touche du pouvoir.
Les incursions et menaces terroristes, les coups d’États déjoués sous son règne, jusqu’à sa disparition tragique en avril dernier et son héritage laissé au Tchad en dehors d’une assurance de paix et la stabilité nationale, sous-régionale voire mondiale, ont été évoqués.
Dans la dernière partie de l’œuvre, l’auteur retrace les causes plausibles de ces guerres qui durent depuis des décennies où on enregistre parmi elles, le déficit de la citoyenneté, l’analphabétisme, les défaillances administratives, l’exode rural, le chômage, les organisations à base clanique, la pauvreté, le manque d’alternance politique pacifique et autres.
» Les œuvres d’actualité ne survivent pas à l’intérêt temporaire qui les a suscités. L’importance des thèmes est réduite par ce qu’ils ne sont pas adaptés à la variabilité des intérêts quotidiens de l’auditoire, inversement, plus le thème est important et plus l’intérêt est durable, plus la vitalité de l’œuvre est assurée » clame ainsi Fama Cheveski.
Allant dans le même sillage de l’actualité de l’œuvre et l’immortalité de l’écrivain disait Antoine Adou: « les œuvres vivantes sont celles qui, à travers les siècles continuent d’éclairer, d’enchanter, d’émouvoir. »
En tirant les leçons du passé, l’auteur déclare enfin que « toutefois, les quelques acquis (héritages) incontestables dont les Tchadiens disposent aujourd’hui grâce au président Déby doivent être préservés jalousement. L’héritage qu’il a légué à son pays n’est pas négligeable. Il faut le pérenniser et le fructifier. Sinon, l’irréparable risque de s’installer pour toujours et reconduire le Tchad aux années 79. Les Tchadiens ont encore du pain sur la planche. Que Dieu bénisse le Tchad » conclut-il.
Correspondant à une biographie politique et militaire d’un homme, cet ouvrage est une douloureuse vivisection de trente ans de règne présidentiel marqué par tous les tourments et le courage hors pair d’un homme d’État d’une prédestination singulière.
Romancier bilingue, essayiste, historien, conteur, entrepreneur agricole, Abdelkerim Souleyman Terio est un intellectuel multidimensionnel. il débuta son parcours primaire à l’école de Bololo de N’Djaména et école régionale d’Amtiman. Ses études primaires l’avaient conduit au CEG N°1 de N’Djaména puis au lycée Sacré-Cœur où il décrocha avec brio son baccalauréat série D au Lycée Jean-Paul SARTRE.
Épris à l’esprit par des ouvrages, il passe le plus clair de son temps à exploiter les romans et imiter le chemin des éminents historiens arabes des siècles écoulés, influencé par IBN KALDOUM, affirme-t-il « dès mon enfance, être écrivain est la chose la plus louable pour ma vie, certes je suis scientifique mais, cette passion de la littérature, de l’histoire et de la teneur des écrits antiques ne m’a jamais quittée ». Il a fait un parcours figuratif émaillé d’évènements et de succès grandioses, l’une des figures importantes de la deuxième génération d’écrivains Tchadiens.
AMINE BADJOURY ABBANOU