Niger : Sur la trace de Salifou Modi, l’emblématique officier spécialisé dans les putschs
Depuis le 26 juillet 2023, le Chef de la Garde Présidentielle, le Général Abdourahamane Tchiani a décidé de renverser le président Mohamed Bazoum élu en 2021. Un coup d’État Militaire suivi de la création d’un Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) composé de plusieurs officiers supérieurs.
Si ce coup de force au contour floue contre la première alternance pacifique du Niger laisse plus d’un observateur perplexe. Les officiers derrières ce putschs ne sont pas des inconnus du public nigérien dont un certain Salifou Modi qui n’est pas à sa première tentative.
Né à Zinder en 1962 et originaire de Niamey, Salifou Modi est un ancien enfant de troupe. Il a fréquenté l’école militaire préparatoire de Bingervile en Côte d’ivoire, d’où il sortit diplômé en 1983.
Fils d’un adjudant de la jeune armée nigérienne créée au début de l’indépendance, son père avait été exécuté suite à une affaire de tentative de coup d’État contre le régime du premier président Diori Hamani.
Il a poursuivi sa formation militaire dans plusieurs écoles de guerre notamment au Cameroun, en France et à Madagascar. Commandant de diverses unités notamment à N’Guigmi, Agadez et Niamey.
En 1998, il accéda au grade de lieutenant-colonel, et par la suite nommé Haut commandant de la Garde Républicaine pendant une dizaine d’années. C’est sous son long règne à la tête de ce corps de défense et de sécurité, que la Garde Républicaine (GR) fut transformée en Forces Nationales d’Intervention et de Sécurité (FNIS), avant de devenir plus tard la Garde nationale du Niger (GNN).
L’homme est un habitué des coups d’Etat, en effet Salifou Modi fait partie du Conseil de Réconciliation National (CRN) Daouda Malam Wanké, qui a renversé Ibrahim Baré Mainassara en 1999. Après quelques années à la GNN, il sera nommé par Mamadou Tandja, chef d’état-major de l’armée de terre. Erreur ? Peut-être, mais le temps a eu raison de cette promotion.
A ce poste, il rejoint le Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie (CSRD), dirigé par le général Salou Djibo et qui a mis fin au régime du président Mamadou Tandja en 2010. Durant l’année de transition, Salou Djibo maintient Salifou Modi a son poste jusqu’à l’arrivée d’Issoufou en 2011.
Méfiant d’un officier ayant participé à deux putschs, dès son accession au pouvoir Issoufou Mahamadou préféra écarter Salifou Modi. Ainsi, il sera muté en Allemagne comme Attaché de défense à l’ambassade du Niger. Pendant les deux mandats de l’ex président Issoufou, il sera maintenu loin du cercle des officiers en fonction dans l’Etat-Major.
En 2020 il était rappelé par Issoufou Mahamadou et nommé chef d’Etat-Major des armées. Il resta à ce poste pendant trois (3) ans.
Cependant depuis sa visite au Mali en debut du mois de mars 2023 en pleine tension entre le Président Mohamed Bazoum et Assimi Goïta, des questions sont restées sans réponse. Qu’est-ce qu’il est parti chercher à Bamako quand on sait les responsables politiques des deux pays n’ont pas la même vision sur la lutte contre le terrorisme ?
Le Général Mody a-t-il eu l’aval des autorités politiques du pays pour son déplacement au Mali ? Tout de même, Bazoum le promeut Général de corps d’armées. Mais il sera remplacé en avril 2023, par le Général Abdou Sidikou Issa. L’homme ne chôme pas, le président l’envoie comme ambassadeur du Niger aux Émirats Arabes Unis en juin dernier.
Issoufou Mahamadou avait-il vu le danger dans cet officier ? Tout porte à croire que Oui. Récidiviste ! Malgré sa nomination dans une chancellerie, il préféra participer à un 3ème coup d’État en rejoignant le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Général Abdourahamane Tchiani pour renverser Mohamed Bazoum.
Depuis le 26 juillet dernier, l’officier est au devant de la scène. C’était lui qui a accueilli le président de transition tchadien, Mahamat Idriss Déby à l’aéroport.
Après le soutien apporté par le Mali et le Burkina Faso à la nouvelle junte contre la CEDEAO et sa menace d’intervention militaire, il sera dépêché auprès de ces pays. Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, deux putschistes à la tête du Mali et Burkina Faso le recevront à tour de rôle comme émissaire du Général Abdourahamane Tchiani.
Toumaï Web Médias