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Opinion : « C’est la douane qui tue l’essentiel des recettes publiques du Tchad » – Mahamat Sougui Bié

À travers un post Facebook, Mahamat Sougui Bié fait une analyse comparative des recettes douanières de deux pays enclavés, le Tchad et le Burkina Faso. Il ressort de cette analyse que les recettes douanières du Burkina Faso au 1er trimestre 2024 ont été recouvrées à hauteur de 262,22 milliards de francs CFA, tandis que le Tchad peine à atteindre 200 milliards de francs CFA de recettes douanières par année.

Ci-dessous, l’intégralité de son opinion :

Selon les statistiques de la douane burkinabé, publiées sur leur site internet : « Au premier trimestre de 2024, les recettes douanières ont été recouvrées à hauteur de 262,22 milliards de francs CFA, pour une prévision de 261,22 milliards de francs CFA, soit un taux de réalisation de 100,38%. » Cela représente les recettes d’un seul trimestre.

De plus, elles précisent qu’« au titre de l’exercice budgétaire 2024, conformément à la Loi de finances initiale (LFI), les prévisions de la DGD sont de 1106,20 milliards de francs CFA. Cette prévision est en progression de 106,20 milliards de francs CFA (+10,62%) par rapport à celle de l’année 2023 (1000 milliards de francs CFA). »

Pendant ce temps, au Tchad, nous peinons à atteindre ne serait-ce que 200 milliards de recettes douanières par année. Pire encore, nous voyons le Directeur général des Douanes affirmer sans ambages que si toutes les conditions étaient réunies, notre douane devrait générer au minimum un milliard par jour, soit 251 milliards par an. Pourquoi méritons-nous cela ?

Pour mieux comprendre cette catastrophe, il faut préciser que nos deux États respectifs sont tous enclavés, n’ayant pas accès à la mer et dépendants exclusivement de l’importation (industrie inexistante), mais avec une nette différenciation au niveau de la production annuelle des richesses créées et la somme des valeurs ajoutées brutes nouvellement créées. Cet écart est généralement de 35 % en faveur du Burkina. Mais cela n’est pas tellement grave compte tenu du caractère très informel d’une bonne partie de notre économie interne.

Il convient de rappeler que, contrairement au Burkina, l’importation tchadienne est plus conséquente en matière de luxe, c’est-à-dire que la valeur est plus élevée que celle des autres produits.

Nous ne demandons pas à ce que notre douane génère autant de recettes que celle du Burkina, mais au regard des réalités économiques presque identiques de nos deux pays, la nôtre devrait au minimum atteindre une mobilisation qui avoisinerait les 50 % de celle du Burkina, soit une fourchette située entre 400 et 500 milliards par an. En d’autres termes, cela devrait couvrir plus de 80 % de la masse salariale annuelle de l’État (640 milliards). C’est tout de même quelque chose.

Nous profitons de cette occasion pour tirer la sonnette d’alarme auprès de nos Hautes Autorités afin qu’elles examinent de près la situation chaotique de la douane en termes de mobilisation des recettes. Il est urgent de mettre fin à cette situation en nommant exclusivement des inspecteurs et contrôleurs de douane à toutes les fonctions (du chef de section au chef de circonscription).

Ensuite, il est crucial de suivre attentivement l’épineuse question de la TVA sur le cordon douanier, de revoir toutes les exonérations répétitives et improductives et enfin, d’améliorer les conditions de travail des douaniers. Oui, il faut d’abord mettre la charrue avant les bœufs.

En d’autres termes, il est essentiel de mettre les douaniers à l’abri des besoins fondamentaux pour qu’ils puissent, à leur tour, mobiliser davantage de recettes. Comme on dit, un ventre vide n’a point d’oreilles.

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