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Protestation. Une purge politique est en cours au Cachemire

Depuis que l’autonomie de la région indienne a été supprimée par le gouvernement Modi, toutes les figures démocrates de l’État du Jammu-et-Cachemire ont été arrêtées. Par application d’une loi extrêmement contestée.

Les arrestations au Jammu-et-Cachemire, la partie du Cachemire sous administration indienne, commencent à provoquer de sérieux remous en Inde.

“Presque tous les dirigeants politiques locaux sont en prison, y compris l’ancienne chef du gouvernement et dirigeante du Parti démocratique des peuples du Jammu-et-Cachemire (PDP), Mehbooba Mufti, et le haut fonctionnaire qui s’est récemment lancé en politique, Shah Faesal”, s’émeut The Hindu. Il s’agit là, selon le journal du sud du pays, de “mesures prises pour faire taire et humilier les plus hauts responsables du Cachemire” et cela relève d’une “tactique dangereuse consistant à marginaliser les hommes politiques modérés traditionnels”.

Au moins 230 personnes en détention

Le dernier cas en date est particulièrement préoccupant. Il concerne l’ancien leader de la Conférence nationale du Jammu-et-Cachemire, Farooq Abdullah, 81 ans, trois fois chef de l’exécutif régional, ancien ministre fédéral et cinq fois député. “Son père, Cheikh Abdullah, conduisit la population musulmane du Cachemire à rejeter la théorie des deux nations qui devait conduire à la partition de l’Inde et à la formation du Pakistan en 1947”, rappelle le journal.

Quant à son fils, Omar Abdullah, qui a lui aussi dirigé le gouvernement du Jammu-et-Cachemire et été ministre à Delhi, il est également aujourd’hui “en détention”.

L’arrestation formelle de Farooq Abdullah, dimanche 15 septembre, laisse d’autant plus perplexe que l’intéressé, “en dépit d’une popularité déclinante”, continuait jusqu’ici à défendre l’idée que “le destin du Cachemire” se trouve en Inde, pays “laïc et pluraliste”. Assigné à résidence comme son fils depuis le 5 août, jour où le gouvernement Modi a retiré au Jammu-et-Cachemire son autonomie constitutionnelle, il est désormais “reclus dans une pièce de sa maison de Srinagar transformée en prison”, en application de la loi sur la sécurité publique (Public Security Act, ou PSA). Un texte “draconien” qui a permis à l’administration locale de mettre en un mois et demi sous les verrous “pas moins de 230 personnes”, s’indigne l’Indian Express.
Une loi sévère et sévèrement appliquée

Une arrestation au nom du PSA s’effectue avec le feu vert d’un “conseil consultatif” composé de juges professionnels, censé agir “comme un mécanisme de contrôle sur l’utilisation de cette loi sévère par le gouvernement”.

Le texte permet de maintenir une personne en détention “sans accusation formelle et sans procès jusqu’à une période de deux ans”. Ironie du sort, l’une des dernières décisions du gouvernement de Mehbooba Mufti, fruit d’une coalition entre le PDP et le parti au pouvoir à Delhi, le BJP, jusqu’à ce que celui-ci le saborde en juin 2018, avait été de mettre fin à la loi PSA. Mais la suppression de celle-ci n’avait pas eu le temps d’être entérinée.

Entre avril 2016 et décembre 2017, un millier d’arrestations avaient été menées en vertu de cette loi, et “99,4 % d’entre elles avaient été confirmées” par le conseil consultatif. Or il faut savoir qu’au cours de la même période, l’ONG Commonwealth Human Rights Initiative avait constaté que “941 plaintes avaient été déposées devant la Haute Cour du Jammu-et-Cachemire visant à obtenir l’annulation des ordonnances de détention”. Finalement, “764 requérants” avaient obtenu satisfaction

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