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Russie: Les manifestations réprimées, le début de la fin pour Poutine ?

Le week-end dernier, près de 1 400 personnes demandant la tenue d’élections libres ont été arrêtées. Peu importe, ce samedi 3 août, une nouvelle manifestation d’ampleur est annoncée. Cette contestation croissante, couplée à une série d’échecs sur d’autres fronts, traduit un pouvoir fragilisé du maître du Kremlin, écrit dans un article à charge un chroniqueur du Guardian.

Vladimir Poutine n’est pas un hypocrite comme les autres. Pour le Janus qui préside la Russie, les doubles discours, la fourberie et la duplicité sont un art de vivre. Cela fait vingt ans qu’il fait la preuve constante de sa capacité à jouer sur tous les tableaux. Mais les masques seraient-ils sur le point de tomber ? Alors que des émeutes éclatent à Moscou et que d’autres devraient suivre, peut-on enfin espérer sortir du long tunnel de l’ère Poutine ?

Dans les rares occasions où Poutine se montre au grand jour aux Russes, il cultive, comme pouvaient le faire les tsars, une image de père attentif et de défenseur indéfectible de la cause du peuple et de la nation. Le service de communication du Kremlin se plaît à diffuser des clichés d’un homme dépoitraillé, rude, taiseux et plein de bon sens, farouchement patriote, comme ce dimanche [28 juillet] encore, lors du passage en revue d’une parade navale à Saint-Pétersbourg.

Poutine n’est plus tout-puissant

Son autre visage s’est aussi montré le week-end dernier, quand la police antiémeute s’en est prise violemment à des manifestants pro-démocratie furieux de voir le pouvoir chercher à truquer les municipales à venir. Plus de 1 300 personnes ont été arrêtées. On n’avait plus vu de troubles aussi graves depuis 2012, lorsque au mouvement contestant le retour de Poutine avait répondu une répression brutale des libertés.
Dans cet inframonde qu’est la Russie de Poutine, on ne fait même plus semblant d’offrir un processus démocratique et électoral digne de ce nom. La dissension politique est découragée et sanctionnée. La liberté d’expression comme la liberté de rassemblement sont drastiquement encadrées, les médias censurés, les tribunaux et les magistrats soudoyés, les ONG, les minorités religieuses et les militants des droits de l’homme harcelés et persécutés.

Pour autant, dans les coulisses troubles de la présidence, Poutine n’est pas l’homme universellement respecté et presque tout-puissant qu’aiment à présenter ses défenseurs et ses chantres. La dernière édition de son rendez-vous télévisé avec les Russes a même été lourdement critiquée, malgré le risque de représailles. “Juste une question : quand partez-vous ?” a osé un brave spectateur. Un autre a comparé le président à Leonid Brejnev, dont le règne au temps de l’URSS reste dans les mémoires comme une période économiquement très dure.

Une économie au point mort

Le traitement choquant réservé par le régime russe à Alexeï Navalny, son opposant le plus connu, rappelle aussi cruellement cette époque de la guerre froide où les dissidents étaient emprisonnés et torturés. Arrêté sans raison valable la semaine dernière, Navalny a été incarcéré pour trente jours, et l’on redoute aujourd’hui qu’il ait été empoisonné en prison, comme tant d’autres opposants à Poutine avant lui.
Dans une démocratie en bonne santé, c’est Poutine qui devrait être sur le banc des accusés et passible d’emprisonnement, ne serait-ce que pour son incompétence criminelle. Si le mécontentement gronde en Russie, c’est parce que l’économie est au point mort depuis maintenant cinq ans, que le niveau de vie s’effondre, que les entreprises ferment et que 13 % de la population vit dans la misère. La semaine dernière, la banque centrale russe a encore annoncé un nouveau ralentissement de la croissance.
Autant de problèmes chroniques qui ont plusieurs causes. Parmi elles, une corruption endémique, au sein de l’État comme des autorités locales. Autre explication, le gaspillage institutionnel des revenus du pétrole et du gaz s’est traduit par un manque d’investissements dans l’emploi, la santé, l’éducation et les infrastructures au moment même où l’État engrangeait des recettes considérables. Et la non-diversification de l’économie est un autre problème qui n’augure rien de bon pour l’avenir

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