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Science. Une clinique britannique propose de retarder la ménopause

Un établissement de Birmingham, dans le centre de l’Angleterre, offre à ses patientes la possibilité de congeler des tissus ovariens afin de les réimplanter au moment de la ménopause. Mais quel est le prix à payer pour cette première mondiale ? s’interroge cet hebdomadaire britannique.

“La grande question est là : éviteriez-vous la ménopause si vous le pouviez ?” 

“Je demande, poursuit la journaliste du Sunday Times Magazine, parce que c’est désormais possible.” Une clinique de Birmingham propose depuis peu à ses patientes “de prélever du tissu ovarien par laparoscopie, de le congeler à -150° puis de le réimplanter au moment de la ménopause”. Le tissu réintroduit inverse alors le processus en produisant des hormones, détaille l’hebdomadaire. “Ce type de greffe rend possible chez la femme la production d’hormones comme pendant sa jeunesse, et ce pendant des années, voire indéfiniment.” Car les ovaires ne servent pas simplement à produire des ovules, souligne Emma Hartley : lorsque le tissu est préservé et réimplanté dans le corps d’une patiente, celle-ci peut continuer à recevoir son dosage d’hormones à son propre rythme.

Ce serait quasi impossible à reproduire dans un labo, et cette procédure pourrait être une grande avancée par rapport au traitement hormonal de substitution, qui est proposé par défaut aux femmes souffrant de troubles liés à la ménopause.”

Une opération onéreuse

Sur les plans physique et psychologique, l’attrait d’une telle opération semble évident. “Les bouleversements hormonaux ont parfois des répercussions sur la qualité de vie et entraînent divers risques médicaux, notamment des AVC, des crises cardiaques, de l’arthrose, des bouffées de chaleur et des problèmes urinaires. Les effets sociaux et psychologiques peuvent être profonds et déstabilisants.” Alors que la ménopause se manifeste en moyenne à 51 ans pour les femmes britanniques, “ce n’est peut-être pas une coïncidence si, selon l’association de prévention des suicides appelée Samaritans, la tranche d’âge où le taux de suicide est le plus élevé chez les femmes est celle comprise entre 50 à 54 ans”, constate The Sunday Times Magazine.

Mais la pratique – déjà employée depuis quinze ans pour permettre à des jeunes femmes sur le point de subir une chimiothérapie de recouvrir à terme la fertilité – soulève plusieurs questions. Son prix d’abord, peu accessible. Entre 3 000 et 7 000 livres (3 270 à 7 630 euros) pour le seul prélèvement – pour l’heure, neuf Britanniques de 22 à 36 ans ont franchi le pas. Et 4 000 livres supplémentaires au moment de la réimplantation.

Au moment où il faut procéder au prélèvement, une jeune femme ignore si la ménopause provoquera chez elle des troubles graves. Elle fera peut-être partie des 20 % de femmes au Royaume-Uni qui ne souffrent d’aucun effet négatif.”

La durée du report encore mal définie

Des doutes subsistent également quant à la durée de report de la ménopause. “Nous n’avons pas encore de données précises sur le potentiel de la procédure, admet le Simon Fishel, de la clinique ProFam de Birmingham. Mais dans un moment d’audace scientifique, je fais le choix d’affirmer qu’elle est nécessaire.” Preuve de sa foi totale, le docteur a offert l’opération à sa fille pour son 30e anniversaire. À en croire les estimations, des tissus prélevés à 25 ans permettraient de retarder l’échéance de deux décennies. À 40 ans, une femme ne peut espérer éviter la ménopause que pour cinq années.

Pour ce qui concerne une éventuelle maternité tardive, “la procédure de Fishel permettra peut-être aussi de prolonger la fertilité des femmes, mais ce n’est pas l’objectif. Il veille avant tout à atténuer les conséquences de la ménopause”. Un défi suffisamment important, pour l’heure. “Les enfants qui naissent aujourd’hui en Occident ont une espérance de vie de 100 ans, conclut The Sunday Times. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les femmes vivront aussi longtemps avant et après la ménopause.”

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