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Société : Le jeu de Ludo, un loisir favori des clandomans à N’Djaména (Reportage)

Dans les rues animées de N’Djaména, le jeu de Ludo s’impose comme un passe-temps de plus en plus prisé par les clandomans (conducteurs de moto-taxis). Dans des quartiers comme Diguel, Moursal, Chagoua, ou encore le long de la Rue de 30 mètres, il n’est pas rare de voir ces conducteurs garer leurs motos pour s’affronter autour d’un plateau de Ludo.

Ce jeu, autrefois destiné aux adolescents, a trouvé un second souffle en devenant une activité compétitive et parfois lucrative pour ces travailleurs.

Dans plusieurs carrefours de la capitale, les parties de Ludo prennent l’allure de véritables tournois. Les joueurs misent de petites sommes, et le vainqueur repart avec le butin. D’après Brahim, un clandoman de Diguel, le Ludo aide à décompresser. « Après avoir roulé toute la matinée sous la chaleur, le Ludo nous aide à décompresser. C’est aussi un jeu de stratégie où il faut savoir anticiper les mouvements de l’adversaire », ajoute-t-il.

Cependant, cette pratique divise les avis. Mariam, une commerçante de la Rue de 30 mètres, se montre critique : « Ces jeunes passent trop de temps sur ce jeu. Pendant qu’ils jouent, des clients les attendent. Certains en oublient même pourquoi ils sont sortis travailler. »

Les longues journées de travail des clandomans, rythmées par les courses incessantes et les embouteillages, expliquent leur besoin de pauses. Mais pour certains, ces moments de détente autour du Ludo deviennent des heures entières, au point d’affecter leur productivité. Moussa, un mécanicien de Chagoua, remarque : « Le Ludo, c’est bien pour se reposer un peu, mais certains en abusent. Parfois, ils jouent toute l’après-midi et rentrent à la maison les poches presque vides. »

Pour Oumar, un jeune clandoman du 6e arrondissement, le Ludo est une manière de briser la monotonie : « Ça nous permet de nous distraire, de rire entre collègues et même de créer une bonne ambiance dans le quartier. »

Bien que le Ludo présente certains avantages, comme stimuler la réflexion et renforcer les liens sociaux mais, il ne doit pas devenir un frein aux autres priorités. Les clandomans pourraient tirer davantage profit de leur temps libre en participant à des activités constructives, comme des formations courtes ou des sessions de sensibilisation à la gestion financière et au développement personnel.

Le phénomène du jeu de Ludo dans des quartiers comme Diguel, Moursal et la Rue de 30 mètres reflète à la fois le besoin de détente des clandomans et le manque d’alternatives de loisirs structurés à N’Djaména.

Pour éviter que ce jeu ne devienne un prétexte à la perte de temps, il serait judicieux de sensibiliser ces jeunes à des pratiques plus équilibrées, afin qu’ils puissent se divertir tout en maximisant leur productivité.

TWM/Abakar Ismael

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