Société : Le tatouage de pied « Hinné », une tradition tchadienne en déclin
Autrefois, à N’Djaména, le tatouage des pieds, communément appelé « Hinné », était un signe distinctif visible chez les femmes de différentes communautés tchadiennes. Utilisé dans le cadre du mariage, il symbolisait qu’une femme était mariée et témoignait de son respect pour la culture et les traditions.
Aujourd’hui, cette pratique a pris une tournure différente. Dans la capitale, de nombreuses femmes, mariées ou non, choisissent désormais de se faire tatouer les pieds, modifiant ainsi le sens initial de cette tradition.
Historiquement, le tatouage des pieds était perçu comme une marque de fidélité et de respect des valeurs culturelles, une sorte de « sceau » indiquant que la femme était mariée. Le Hinné est généralement réalisé par des tatoueurs traditionnels et porte des significations profondes, liées à la famille et à la communauté. Pour certaines ethnies, il s’agit même d’un code social faisant partie intégrante de la structure de la société tchadienne.
Aujourd’hui à N’Djaména, la signification de ce tatouage a évolué. Bien que certaines femmes continuent de le considérer comme un symbole de fidélité conjugale, de plus en plus de jeunes femmes choisissent de se faire tatouer les pieds sans que cela n’ait de lien avec le mariage. Le tatouage devient alors une forme d’expression personnelle, un moyen de revendiquer son identité culturelle ou de suivre une tendance esthétique.
Les jeunes générations, souvent moins attachées à certaines traditions, voient désormais le Hinné comme un choix esthétique ou un signe de modernité, détaché de ses connotations anciennes liées au mariage.
Par ailleurs, certaines jeunes femmes, qu’elles soient célibataires ou non mariées, se font tatouer pour renforcer leur lien avec leurs racines culturelles. Pour elles, c’est une manière de préserver un ancrage dans les traditions tout en affirmant leur indépendance face aux anciennes interprétations de cette pratique.
Ainsi, le tatouage des pieds, autrefois exclusivement associé au mariage, est aujourd’hui perçu comme un choix personnel. Il symbolise désormais l’affirmation de soi, la quête de beauté ou encore un hommage libre aux traditions culturelles.
TWM / Tchadoricain