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Tchad : la faiblesse de l’assurance, à qui la faute ?

Le Tchad, membre fondateur de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA), occupe aujourd’hui l’avant-dernière position parmi les 14 États membres, selon un classement de 2023. Cette situation reflète les nombreux défis auxquels le secteur de l’assurance est confronté dans le pays. Alors que certaines polices, comme l’assurance automobile, sont obligatoires, de nombreux Tchadiens préfèrent s’assurer auprès de compagnies basées dans des pays voisins, témoignant d’une perte de confiance dans le marché local.

Des offres diversifiées, mais peu convaincantes

Bien que les compagnies d’assurance locales proposent des services variés, tels que l’assurance maladie, la couverture des sinistres ou encore la protection en cas de décès, elles peinent à convaincre une majorité de la population. Ce constat met en lumière des limites structurelles et un manque d’engagement en termes de sensibilisation et de satisfaction des attentes des consommateurs.

Une structure associative à l’efficacité limitée

En 2018, l’Association des Sociétés d’Assurances au Tchad (ASAT) a été créée pour dynamiser le secteur. Elle regroupe trois compagnies : La Star Nationale, Assurance Vie et Assurance Tchad. L’objectif était de favoriser la collaboration avec le ministère des Finances, de réguler le marché et de soutenir le financement des sociétés membres. Toutefois, l’ASAT n’a pas encore prouvé son efficacité, soulevant des questions sur sa pertinence dans le développement du secteur.

Les défis majeurs du secteur de l’assurance

  • Les délais prolongés d’indemnisation des assurés en cas de sinistre constituent une source importante de mécontentement. Ces retards sont souvent causés par des processus administratifs complexes et un manque de réactivité des compagnies, érodant la confiance des clients.
  • Une grande partie de la population ignore les avantages des produits d’assurance, faute de campagnes d’information adéquates. Ce déficit de communication limite l’adoption de ces produits et alimente la méfiance envers les compagnies.
  • Les compagnies locales peinent à couvrir des risques majeurs, comme les catastrophes naturelles, en raison de ressources financières insuffisantes. Cette faiblesse réduit leur crédibilité et leur capacité à répondre efficacement aux sinistres d’envergure.
  • Les taxes imposées sur les produits d’assurance augmentent leur coût, rendant ces services inaccessibles pour une large partie de la population.

L’urgence d’une refonte structurelle

Pour Moustapha Annour Adam, enseignant à l’Université HEC Tchad, une réforme complète du système d’assurance maladie est primordiale. Selon lui, cette réforme constitue une étape clé pour atteindre le troisième Objectif de Développement Durable des Nations Unies : promouvoir le bien-être pour tous. Il suggère également d’impliquer davantage le secteur privé pour proposer des services d’assurance accessibles et adaptés aux besoins des populations.

À lire aussi : La Star Nationale SA, une société Tchadienne d’Assurances et de Réassurances créée le 30 juin 1977 à N’Djaména au Tchad.

Des solutions pour relancer le secteur

Afin de redynamiser le secteur de l’assurance au Tchad, plusieurs actions sont nécessaires :

  1. Réduction des taxes : Rendre les produits d’assurance plus abordables pour la population.
  2. Renforcement de la régulation : Mettre en place un contrôle rigoureux pour améliorer la fiabilité des compagnies.
  3. Sensibilisation massive : Lancer des campagnes d’information pour éduquer les citoyens sur les avantages de l’assurance.
  4. Soutien financier : Augmenter les capacités financières des compagnies via des partenariats public-privé ou des aides ciblées.

À lire aussi : Tchad, CRISE DANS LE SECTEUR DES ASSURANCES

Le secteur de l’assurance au Tchad est à un tournant décisif. En relevant les défis structurels et en misant sur l’éducation et l’accessibilité, le pays pourrait transformer ce secteur en un véritable levier de protection sociale et de croissance économique. Une mobilisation collective des acteurs publics et privés est essentielle pour bâtir un système d’assurance performant et inclusif.

Moussa Tahir Mahamat Abballah

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