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Tchad : la femme enceinte et le paludisme

Le paludisme reste un problème majeur de santé publique sur le continent africain en général et particulièrement au Tchad. Aujourd’hui, nous abordons un sujet très préoccupant, il s’agit de la lutte contre le paludisme : cas des femmes en grossesse.

Selon le rapport de 2022, publié par le Programme national de lutte contre le paludisme, sur les 250 000, 428 décès ont été enregistrés. À ce sujet, nous avons interviewé Dr Mahamat Saleh Issakha Diar, coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme.

Pourquoi est-ce que les femmes enceintes sont les plus vulnérables à cette maladie parasitaire ?

Mahamat Saleh Issakha Diar : Déjà la grossesse est une situation à part entière pour la femme, donc avec le paludisme, il pourrait y avoir d’autres complications plus graves chez la femme et sur l’enfant qu’elle porte : on parle d’avortement, d’hémorragie, d’anémie voire le décès de l’enfant. En bref, la grossesse diminue en question l’immunité des femmes, c’est pourquoi elles sont vulnérables.

Quel est l’impact direct du paludisme sur le fœtus ?

Au niveau du fœtus, le paludisme est responsable du faible poids de naissance. Il y a également l’avortement, donc ce qui est un risque pour l’enfant. D’autres types des complications existent, par exemple l’enfant peut naître avec du paludisme.

Comment peut-on réduire le fardeau du paludisme chez la femme enceinte ?

Chez la femme enceinte qui est une personne vulnérable, il existe plusieurs stratégies qui sont mises en place, à commencer par la promotion de l’utilisation de la moustiquaire, la chimio prévention du paludisme à travers le médicament appelé communément Fansidar. À partir de la 16ème semaine de sa grossesse ou dès qu’elle sent les mouvements actifs du fœtus, au niveau des hôpitaux on lui administre ces trois comprimés en prise unique. Ce même exercice est répété quatre fois durant la grossesse et dont le but est de protéger la femme enceinte y compris l’enfant qu’elle porte. Si cela n’a pas été fait, les parasites peuvent, par le cordon ombilical, provoquer le paludisme chez l’enfant mais aussi aller boucher les veines au niveau du cordon ce qui risque chez l’enfant, le taux d’oxygène dans le sang, le retard dans la croissance, de problème de malformation si ça arrive en début de grossesse. Il faut aussi préciser que la femme peut se protéger autrement en évitant tout contact les vecteurs (les moustiques).

Face à cette maladie, l’organisation mondiale de la santé a mis des recommandations, quelles sont ces mesures ?

Parmi ces recommandations il y a le traitement préventif intermittent, c’est le fait d’aller régulièrement en consultation prénatale. Ce que recommande l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), c’est la prévention à travers les médicaments Fansidar et les moustiquaires pour maintenir la femme enceinte dans la protection.

Quelles sont les mesures à prendre pour réduire le risque de mortalité chez le nouveau-né ?

Pour réduire le risque de mortalité, ça doit commencer au début de la grossesse. Il faut que la femme soit suivie à travers les consultations prénatales pour que les médecins sachent si elle présente des complications pour elle-même et pour l’enfant. Si cela est fait, on peut identifier quel type de soin il lui faut et quel conseil faut-il prodiguer pour éviter qu’elle ne contracte pas le paludisme. Je précise aussi que la consultation prénatale est une stratégie complète qui contient le traitement en fer, vitamine, moustiquaire…

Vous pouvez nous donner des chiffres ?

Il faut d’abord préciser que le paludisme fait partie des maladies qui sont sous surveillance épidémiologique, donc au niveau du ministère de la santé, il y a une direction qui s’occupe de la surveillance. À cela s’ajoute le comité multisectoriel dont nous prenons part. C’est ce comité qui recense les données hebdomadaires. À la 36ème semaine, on est à plus de 677.000 cas de paludisme confirmés et nous venons d’atteindre la barre de 1000 décès cette année.

Docteur Mahamat Saleh Issakha Diar, votre plan de communication national pour y faire face est-il une solution ?

Le plan de communication, c’est un outil qui nous permet de sensibiliser, de donner de l’information, de communiquer et de mobiliser les acteurs et toutes les forces vives dans le cadre du paludisme. Mais le plan qu’on met actuellement en œuvre, c’est un plan de contingence dans lequel il y a plusieurs stratégies de prise en charge à travers les médicaments, les campagnes que nos agents distribuent dans les ménages pour protéger les enfants. Hélas, les plans de communication bien qu’ils soient élaborés, mais leur exécution coûte assez cher car ce n’est pas financé. Aujourd’hui un simple spot à la télé coûte énormément, et avec le problème de l’énergie qu’on a, il est difficile que la population ait accès à la télévision. Donc on est obligé d’utiliser les radios communautaires pour sensibiliser.

Moussa Tahir Mahamat Abballah, rédacteur en chef adjoint.

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