Tribune : Des élèves en pâture aux dépravations sociales et politiques (par Ousman Haroun Guet)
Assez simplement, un élève est un individu tenant à s’élever en élevant sa pensée, ses capacités mentales et cognitives suite à un développement des savoirs, savoir-faire et savoir être afin d’intégrer une société et y contribuer à son progrès.
Dans un pays en retard de croissance comme le nôtre, les ressources humaines attendues pour résoudre les défis du développement et de la cohésion sociale sont certainement les pépites d’aujourd’hui. Oui, nos élèves peuvent constituer des pépites libératrices.
Cependant, naturellement, une préparation s’impose.
Quelle préparation, la société et les politiques réservent-ils aux élèves d’aujourd’hui pour être les cadres de demain ? (Cadre de demain…cette chanson chantée depuis notre enfance dont nous reprenons le refrain à nos cadets sans pour autant savoir si, nous, individus d’aujourd’hui sommes réellement des cadres pour ce pays !)
D’un point de vue structurelle, scrutant de près notre politique éducative, les plans et stratégies qui en découlent n’abordent, tous, guère, l’aspect élève en tant que problème à part entière. Puisque le bien-être et l’environnement de l’élève sont toujours jaugés en termes des infrastructures réalisées, des matériels pédagogiques à produire, etc, bref que du matériel digne du capitalisme…
Rare sont les initiatives qui traitent directement le bien-être psychologique, social et parascolaire des élèves. Absence des activités culturelles, sportives et scientifiques.
Ils sont abandonnés à leurs tristes sorts, car aucun conseiller d’orientation ou psychopédagogue n’est engagé ou disposé pour la préparation sociale et écouter l’individus « élève ».
La répétition des activités purement pédagogique, relevant seul des enseignements/apprentissages livresques est d’autant plus stressante et ennuyante pour les élèves que pour leur épanouissement, à forte dose.
Nos élèves sont issues fort majoritairement des familles pauvres, donc soumis aux aléas de la pauvreté tant dans leur mental que dans leurs attitudes et comportements. Ainsi, les activités de détente et de prédisposition à un apprentissage de qualité ne peuvent provenir qu’à travers l’école vue la précarité des ménages.
Malheureusement, l’absence de cette prise en charge psychologique, émotionnelle et sociale dans la vie scolaire de nos apprenants à provoquer un effet inverse : la régression des enfants dans l’acquisition des valeurs morales, sociales et des aptitudes éducationnelles (savoir, savoir-faire et savoir-être), choses qui ont disposés les élèves aux/à :
- Violences dans leurs différentes formes
- L’alcool et ses corollaires
- Les réseaux sociaux.
Un article désolant paru dans le journal LE PAYS (voir lien en premier commentaire) s’intitule « Le Cabaret TA9 fait le bonheur des élèves du lycée de Gassi » en est la parfaite illustration d’une dépravation inquiétante des cadres de demain sous le regard complice et le silence sourd d’une société insouciante et des politiques malhonnêtes.
La société, les politiques éducatives impertinentes et les acteurs de mise en œuvre incapables sont le cocktail qui a permis une telle désolation, certaine préparation d’une génération des dépravés et des incapables.
Cette incapacité permet l’encrage définitive des soi-disant partenaires au développement à remettre l’avenir de ce pays dans des reformes structurels prochaines qui concerneront même nos règles de bienséance sociale dans leur profondeur, si ce n’est déjà le cas.
Une société irresponsable, des politiques incapables sont à l’image des élèves qui affirme je cite : « est-ce que Jésus a fréquenté ?» sous l’emprise des cochette et de bilibili en plein temps scolaire dans un Cabaret juxtaposé à une Ecole publique qui ne dérange personne !
Il est encore temps de sauver l’Ecole tchadienne, la responsabilité est collective !
Ousman Haroun Guet
Chercheur au CNC