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Tribune: Kebir M. Abdoulaye «Ceux qui disent que le titre de Maréchal n’existe pas ont tort»

Tchad :  L’attribution de dignité de Maréchal au Président de la République, Idriss Deby Itno est-elle juridiquement fondée et politiquement appropriée ?

Le débat sur cette question est devenue très intéressante, passionnante et continue à diviser l’opinion publique, mais elle n’a jamais été soulevée sous l’angle juridique et personne n’a fait des recherches dans ce sens. Aucun ministre, même pas le Ministre délégué à la présidence chargé de défense et de la Sécurité publique, aucun député, responsable du parti au pouvoir… n’a abordé un cadre juridique existant et en vigueur !

Or, il existe dans l’ordonnance N*006/PR/1992 du 28 avril 1992 portant statut général des militaires, des dispositions relatives au Maréchal comme une distinction honorifique dans la hiérarchie militaire générale. Ainsi, l’article 6 de cette ordonnance dispose que :

« le titre de Maréchal n’est pas un grade mais une dignité ».

Cette ordonnance, à l’époque, signée par « le colonel Idriss Deby », chef de l’Etat n’a pas précisé les critères et attributions de Maréchal, mais elle institue le cadre juridique, administratif, politique. Par conséquent, la fonction et la dignité de Maréchal étaient prévues depuis 28 ans !

Ceux qui disent que, le titre de Maréchal n’existe pas et il a été abusement attribué ont tort suivant cette ordonnance et ils ont tort par ignorance et méconnaissance des textes législatifs et réglementaires.

Au niveau politique et application de cette ordonnance, cette élévation intervient 28 ans après, c’est à dire depuis le 28 avril 1992. Cela traduit que cette distinction de la République n’était ni précipitée, ni opportuniste mais qui s’était passée après une longue époque marquée par plusieurs étapes et faits glorieux de sa présidence, gestion de pouvoir. Mais pourquoi elle intervient maintenant ? A t-on besoin de le faire par l’Assemblée nationale ? On peut comprendre que plusieurs facteurs ont contribué à cette distinction au président de la République. D’abord, ses qualités et de stratége militaire sont reconnus incontestablement sur le plan national et international. Ses exploits militaires, sa diplomatie au relent militaire et notamment l’intervention du Tchad au Mali… soutiennent favorablement cette distinction. Enfin, son action dans le cadre de lutte contre le terrorisme, particulièrement contre Boko Haram milite pour cette distinction et évidemment d’autres services rendus à la nation.

L’Assemblée nationale pour acter cette grande distinction de la République, a procédé par une résolution. Or une résolution en droit constitutionnel, est une décision, un avis porté sur une question précise passée par vote. Donc, elle  n’est pas une procédure législative et n’a aucune valeur législative. Cette élévation à la dignité de maréchal étant prévue par l’ordonnance N*006/PR/1992 du 28 avril 1992 peut être réalisée par une proposition de commandement militaire, un conseil supérieur des armées et puis entérinée par décret pris en conseil des Ministres. Par conséquent, la procédure parlementaire pouvait être évitée. Mais peut-être, les auteurs sollicitent un appui politique, juridique des députés en passant par l’Assemblée nationale.

Par contre, certains surtout les adversaires de ce titre, pensent que l’époque de maréchal est révolu, même dans les grandes démocraties et ceux qui se sont autoproclamés en Afrique à l’exemple de IDI Amine Dada de l’Ouganda, Bokassa de la Centrafrique, Mobutu de Zaïre ont (mal) fini leur pouvoir dans l’indignité, l’humiliation, l’indifférence générale. Cette réflexion ne peut être fondée, pertinente lorsqu’on observe des chefs d’État militaires avaient perdu le pouvoir dans des circonstances tragiques, cruelles, voir humiliantes pour d’autres en étant détenteurs de grade de colonel, général ( Gadhafi, Sankara, Samuel Doe, Saddam Hussein, Barré Mainassara du Niger, Sani Abatcha….). Donc, le titre de maréchal n’est pas synonyme de malheur, fin tragique, humiliante même si ceux qui avaient détenu ce grade, rang de maréchal étant des régimes dictatoriaux. En outre, il existe des maréchaux qui n’ont pas connu une fin tragique, humiliante. La gestion du pouvoir et assoir un développement économique…n’est pas lié aux grades, dignités. Si tel est le cas, les présidents civils seraient disqualifiés.

Enfin, ce premier titre de maréchal au Tchad, un immense honneur au président de la République, qu’il faut démystifier, est un acte juridiquement fondé, politiquement conforme, approprié…pourra ouvrir la possibilité à accorder à d’autres tchadiens qui le méritent ( ils sont nombreux, des morts comme des vivants ) incontestablement, ne doit pas occulter les autres grands défis qui attendent le pays et les tchadiens dans les domaines économique, social, éducatif, sanitaire, d’énergie….et la question principale de la bonne gouvernance et de l’alternance pacifique au pouvoir.

Cette dignité de maréchal ne doit pas être transformée à un culte de personnalité permanent comme dans les anciens régimes de parti unique et de « dalasse bidoune Charaf » (griotisme sans honneur). Il faut rappeler à ces derniers que cette haute distinction de la République n’a aucune incidence financière et n’est plus un titre de meilleur élève de bonne gouvernance.

Kebir Mahamat Abdoulaye

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