Tribune : La détention de sociologues russes menace-t-elle les relations entre le Tchad et la Russie ?
Le 19 septembre, les sociologues russes Maksim Shugaley et Samer Soueifan, ainsi que deux autres citoyens russes et biélorusses, ont été arrêtés « sans charges formelles » à l’aéroport international de N’Djamena, la capitale du Tchad, indique Dr Oumar Diallo, écrivain et chercheur en sciences politiques et stratégie.
À ce jour, ils ont été transférés dans un centre de détention provisoire, sans que les motifs de leur arrestation aient été communiqués. Depuis plus d’un mois, les familles de Shugaley et Soueifan n’ont pas pu établir de contact avec eux.
L’épouse de l’un des détenus a déclaré qu’aucun proche n’était autorisé à leur rendre visite et que les conditions ainsi que les raisons de leur détention restaient inconnues.
Selon des sources médiatiques, l’ambassadeur tchadien à Moscou, Adam Béchir, aurait annoncé que le président tchadien Mahamat Idriss Déby a décidé de libérer les Russes détenus à N’Djamena et de les remettre aux autorités russes.
Cette détention pourrait bien compromettre les relations tchado-russes, qui se sont notablement renforcées au cours de l’année écoulée. Plusieurs accords ont été signés entre les deux pays dans des domaines clés tels que la sécurité, l’éducation, la santé, et la défense. Il convient également de rappeler la visite de Mahamat Déby à Moscou en janvier 2024, au cours de laquelle il a rencontré le président russe Vladimir Poutine.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est également rendu au Tchad durant l’été, illustrant l’importance de cette coopération pour les deux pays. Il est donc essentiel pour le Tchad de préserver la confiance de la Russie et d’éviter toute situation susceptible de détériorer les relations bilatérales.
La politique du Tchad a toujours été fondée sur le respect des droits humains et des droits individuels, ainsi que sur l’engagement envers des principes démocratiques et légaux.
Ainsi, la détention de citoyens russes dans des centres de détention provisoire, sans explication, est problématique, car elle enfreint les normes du droit international et les droits humains fondamentaux. Espérons que le Tchad reviendra à ses valeurs de toujours.
Avec Oumar Diallo