Tribune: L’ancien DG de l’AAZES Ousman A. Djougourou déroule le préalable pour une nouvelle capitale
Depuis 72h, une nouvelle sulfureuse relative à la mise en place d’une commission de reflexion pour la création d’une nouvelle ville ou d’une nouvelle capitale du Tchad agite les esprits des internautes.
La démarche en soit n’est pas une mauvaise idée car l’emplacement de la Ville de N’Djamena est très délicat à cause de sa planeité sujette aux inondations. Cependant, pour construire une nouvelle capitale, il y a des préalables à satisfaire. En effet, l’État doit faire d’importantes réalisations des besoins vitaux de base avant que même les privés songeront à apporter leurs investissements.
Ainsi, pour viabiliser une nouvelle ville, après études, lotissement et délimitation de sa superficie, l’État doit réaliser au moins 300 km des voiries urbaines et des voies d’accès par rapport à la route principale la plus proche, construire une centrale électrique d’au moins 1.000 MW avec son réseau de distribution, une adduction en potable avec son réseau de distribution, un assainissement pluvial et des égouts à eaux usées, des stations de traitement des eaux vannes et ménagères, des centrales de traitement des déchets ménagers, un réseau à fibre optique, construire des édifices publics (Présidence, AN, cour Supreme, ministères, cour des comptes, des structures sanitaires, éducatives, académiques, sportives, aéroport, gares routières, etc).
La réalisation de toutes ces infrastructures nécessiterait un investissement au moins 10.000 Milliards FCFA. Alors que nous avons actuellement de centaines projets en arrêt et en cours de construction pour un montant minimum de 1.000 Milliards FCFA, une dette Intérieure près de 900 Milliards Fcfa, une dette des fournisseurs estimée à des centaines milliards FCFA, des avances statutaires dues à la BEAC près de 500 Milliards FCFA, une dette extérieure colossale, etc.
De plus, nous avons une population qui a moins de 7% accès à l’énergie au plan national et une grande partie des ndjamenois n’ont pas accès à des services d’alimentation domestique en énergie et en eau potable. Je suis d’avis pour la construction d’une nouvelle capitale.
Cependant, engager actuellement une telle démarche serait difficilement conciliable avec conditions économiques et sociales du moment et constituerait des dépenses non prioritaires. Au demeurant, nous avons d’abord besoin d’améliorer nos données économiques et sociales, maîtriser notre dette, valoriser nos recettes ordinaires, rentabiliser nos ressources minières/pétrolières, refonder notre système éducative et académique, améliorer notre système sanitaire, booster notre potentiel agricole et pastoral pour atteindre l’autosufisance alimentaire, subvenir aux besoins de première nécessité (énergie, eau, soins, nourriture, internet, communication, etc) pour notre population, faire des études sérieuses pour mettre nos villes hors d’eau, réduire le taux de chômage des jeunes, endiguer la perception de la corruption, etc, avant d’entreprendre de telles initiatives.
Ceux qui proposent de telles initiatives ne semblent pas être en phase avec les réalités factuelles de notre pays ou soit ils ne sont pas suffisamment renseignés sur la précarité du quotidien tchadien. En conclusion, la construction d’une nouvelle capitale n’est pas l’affaire de l’avant dernier pays le plus pauvre au monde.