Tribune : Les journalistes tchadiens sont-ils les brebis galeuses de la société ?
Être journaliste dans ce pays, c’est faire face à tous les regards de la société. Même s’il existe certains regards positifs, le négatif prend toujours le dessus. Pourtant, ne dit-on pas que la presse a, le rang du quatrième pouvoir ?
Ce rang est loin d’être une réalité, autant le dire, le journaliste est traité en fonction des circonstances. Il devient automatiquement le chouchou de tout le monde lorsqu’on a besoin de lui. Mais, juste après le service rendu, du coup, le traitement idéaliste disparaît pour faire place au mépris. A l’exemple président du présidium Gali Ngoté Gatta, lors du Dialogue National Inclusif et Souverain, lançant sans aucune gêne, là, désormais célèbre phrase : « Les journalistes quittez la salle ». Et la salle applaudit, sans gêne aussi. Quel comble !
Ce mauvais traitement est pire lors des évènements organisés par certaines institutions de la République, les journalistes sont chassés de partout et avec une certaine arrogance. Sur une échelle de 100, le respect accordé aux journalistes est de 0%.
C’est à se demander finalement s’il existe un avenir pour ce beau et passionnant métier ? Rien n’est sûr !
A contrario, les journalistes eux-mêmes sont presque responsables de leur situation, de ce manque d’égard à leur encontre. Combien sont ces journalistes qui ont une idée de l’éthique et de la déontologie qui aiguillonnent ce métier noble et passionnant qui est le leur ? Sauf quelques rares, qui, eux aussi, appliquent seulement les 10%.
Osons le dire, le métier de journalisme est pris en otage par des individus qui ont débarqué par un accident de l’histoire. Au lieu d’informer, ils désinforment moyennant quelques billets de banque et beaucoup d’entre nous journalistes sont devenus des mendiants des grands ministères et d’autres grandes institutions de la République.
Quoi qu’on dise, le respect ne se décrète pas mais il se mérite. Personne n’ose respecter celui qui ne se respecte pas lui-même. Si la volonté des journalistes c’est de faire respecter, ils sont dans l’obligation de se ressaisir et laisser guider chacun de leurs pas par la passion et non la recherche effrénée du matériel même si aujourd’hui celui-ci semble prendre sérieusement le dessus sur la satisfaction du travail bien fait.
Par Ahmat Adoum Moussa