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USA: Manifestation pour la démission du gouverneur Ricardo Rosselló, à Porto Rico

Des centaines de milliers de Portoricains pourraient manifester ce 22 juillet contre le gouverneur de l’île et tout son système politique.

“Gouverneur, il est temps d’écouter les gens : il vous faut démissionner”, lance en une ce lundi 22 juillet le quotidien de Porto Rico El Nuevo Día. Une marche sans précédent pourrait rassembler plus de un million de personnes d’après les organisateurs – près d’un tiers de la population de l’île, exigeant le départ du gouverneur Ricardo Rosselló et protestant contre tout le système politique de Porto Rico.

Des centaines de milliers de Portoricains ont déjà manifesté depuis la publication le 13 juillet par leCentre de journalisme d’investigation de 889 pages de messages échangés sur l’application Telegram entre le gouverneur et ses plus proches collaborateurs. Dans ces échanges, signale The New York Times, des blagues à caractère misogyne et homophobe, des plaisanteries indélicates sur le passage dévastateur de l’ouragan Maria en 2017 – à propos des corps qui s’entassaient dans les morgues, un message suggère de les donner à manger “à nos corbeaux”, soit semble-t-il à ses adversaires –, des allusions à la manipulation de sondages et au projet de créer un “réseau de trolls” pour cibler ses détracteurs.

Ces “Rickyleaks” ont ravivé les plaies d’une île peinant à se remettre de l’ouragan, qui aurait causé selon les estimations officielles près de 3 000 décès – alors que Porto Rico était déjà plongée dans une interminable récession économique et venait de se reconnaître en faillite.

Une élite déconnectée

“Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est le traumatisme qui rejaillit dans la rue”, déclare Marisol LeBrón, universitaire spécialiste de Porto Rico, dans The Washington Post. Les échanges sur Telegram ont dévoilé “une classe politique déconnectée et indifférente aux souffrances d’une population largement pauvre et laborieuse, qui s’efforce encore de reconstruire sa vie après l’ouragan”, explique le journal.

“Pendant ce temps, l’élite aurait détourné de l’aide financière et entravé le redressement de l’île”, comme l’ont montré plusieurs arrestations début juillet.Jeudi dernier, le président Donald Trump s’en est pris aux dirigeants de Porto Rico, comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises, et a déploré que le Congrès ait “bêtement” alloué des milliards de dollars afin de secourir l’île.

Mais si les politiques locaux n’inspirent effectivement aucune confiance, cela devrait encourager les autorités fédérales “à s’intéresser de plus près à l’île et non à l’abandonner”, plaide The New York Times. Un avis que partage The Washington Post, qui appelle notamment à renforcer l’organe fédéral de surveillance mis en place suite à la banqueroute de Porto Rico.“Bien conscients d’être traités par le reste des États-Unis comme des citoyens de seconde zone”, les habitants de cet “État libre associé” qu’est Porto Rico – des citoyens américains sans droit de vote à la présidentielle et sans vrais élus au Congrès fédéral – ont mesuré avec l’ouragan Maria “à quel point les autorités publiques les avaient trahis”, souligne le journal de la capitale. Ils veulent que les choses changent.

Il est temps pour les autorités, tant à Washington qu’à San Juan, de répondre à leurs attentes.”

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